"Je peux simplement te dire et sans avoir vu l'œuvre autrement qu'en photo que je la trouve terriblement vivante, ce qui pour un squelette n'est déjà pas mal", m'écrivait Denis Monfleur en mars dernier. Le Transi de Ligier Richier a cela en commun avec les œuvres de ce jeune sculpteur, notamment avec L'Esclave présenté à Bar-le-Duc, qu'il semble à la fois invulnérable et phagocyté. Éternellement collé au sol par son essence humaine et cependant, définitivement, tourné vers le ciel auquel il réclame justice, paix.

Denis Monfleur sculpte des corps de granit superbement tassés sur eux-mêmes, résistants. Des corps résumés à leurs lignes de force, à leurs centres de gravité, souvent tronqués. Ce qui leur manque ne nuit pas à leur beauté : cela indique les limites de leur liberté. "Un transi pour moi c'est toujours la représentation extrême d'un corps qui parle, cette extrémité, cette parole, toute, multiple", dit aussi l'artiste, dans sa lettre de mars. "Ce paroxysme sentimental m'intéresse, car il révèle souvent de l'humain bien au-delà du simple individu. Il est souvent le reflet d'une situation historique plus générale. C'est enfin la possibilité de présenter une symbolique en affirmant mon style. De parler de psychologie à fleur de peau".

Françoise Monnin