"C'est un silence que je cherche à capter. Ce personnage, ce n'est peut-être qu'un masque, mais c'est sûrement une présence qui me fascine parce qu'il m'apporte un équilibre. Il me permet de me rencontrer, de rencontrer les autres" : voilà ce que disait Hans Bouman en 1996 à propos des têtes étranges qu'il peint depuis 1987. Cela vaut aussi pour le Transi qu'il vient de réaliser, à l'occasion de l'exposition de Bar-le-Duc.

Hans Bouman parle peu, mûrit autant ses mots que ses images. Ses "têtes", ses espaces, surgissent immanquablement de la fatigue qu'il fait subir à ses supports, de toile ou de papier. Toujours il les frotte, les use, les interroge jusqu'à ce que surgisse, de leur insoupçonnable épaisseur, une forme sobre et intimidante, que quelques coups de pinceau soulignent fort à propos. Une présence. Une de ces têtes dont parle si bien l'écrivain Gérard Barrière.

Hans Bouman met en forme des apparitions dont la fixité dérange. De ces figures emblématiques, universelles, dont on retrouve un écho dans certaines statues de l'île de Pâques, certains masques africains. De ces êtres inaltérables, dont le silence et la verticalité semblent dire aux passants : arrêtez-vous, concentrez-vous, car moins que dans l'action, c'est d'abord dans le regard que la vie prend toute sa force.

Françoise Monnin