Toujours, Nicolas Chénard pratique la sculpture en dialoguant avec la nature. Toujours, il regarde les humains, avec autant de plaisir, de curiosité et de respect, que celui qu'il prend à bêcher son jardin. Ainsi, dans un extrait d'un poème rédigé en janvier 2000, parle-t-il au Transi de Ligier Richier comme à un arbre :

"ton corps-support vieilli par les efforts, comme un chêne de rive, porte au delà du miroir vers l'infini, l'image de l'âme enluminée et fragile, chargée des souffrances des errances, du chemin façonné par l'éternel désir"

Pour l'exposition de Bar-le-Duc, Nicolas Chénard a choisi d'immortaliser un fruitier : "poirier bicentenaire et majestueux, il était le plus bel arbre de mon jardin au milieu des autres essences : chênes, hêtres, épicéas, tilleuls. Arbre à fruits, arbre de vie, la tempête l'a déraciné. Arbre symbole de mes ancêtres proches et lointains, âme de ce lieu, il reste la mémoire vivante de mon passé.

Notre sort n'est pas plus certain que celui des éléments naturels auxquels nous appartenons, voués eux aussi à vivre et mourir emportés par les caprices et contraintes du temps. Si leur silence est remarquable, le nôtre face à la mort n'en reste pas moins l'éternelle question. La fin d'un arbre centenaire mérite un hommage particulier. En relation directe avec l'actualité de cette fin de siècle, cette œuvre prolonge pour moi l'âme du Transi".

Françoise Monnin