Bengt  Lindstrom

Des Transis? Voilà justement ce que peint Bengt Lindström depuis plus de quarante ans. Qu'il s'agisse de personnages issus de la mythologie lapone, d'animaux sauvages ou de la figure de ses proches, toujours, il maçonne dans une épaisse peinture à l'huile des yeux ronds. Il incarne en couleurs franches, intenses, des rictus d'effroi et des signes d'extase. Il dessine les contorsions stupéfiés de ceux qui ont vu le soleil en face.

Sa fréquentation des chamanes du grand Nord, comme son amitié avec les membres du groupe Cobra, participent à sa recherche d'une vérité supérieure. Bengt Lindström ne représente pas le monde qui l'entoure, il présente les forces vitales que chacun de nous recèle au plus profond de son être. Celles qui président à nos angoisses nocturnes, à nos jouissances extrêmes, à notre manière insistante de nous perpétuer sans savoir pourquoi. Celles qui guident nos instincts.

Chacune des images que jette Bengt Lindström sur la toile, à grands renforts de "han" de bûcheron et de flots de couleur épaisse, évoque la fusion des volcans, la fracture des glaciers, le tremblement de terre. Chacune d'entre elles incarne ceux qui assistent aux catastrophes, les subissent, et, parce qu'ils y survivent, se voient transformés en géants macrocosmiques.

Françoise Monnin