L'important c'est de communiquer avec l'Autre Apprendre à regarder c'est changer sa vision du Monde |
La toile, "c'est ma petite chambre blanche que je cherche pour être bien, où je peux déconnecter complètement" explique Katrin.
Désireuse de démontrer son indépendance et d'affirmer son identité en donnant la parole à sa peinture, elle accepte de faire sa première exposition en 1992, à la Nouvelle Orléans, sur le thème "Sex and Soul" : exposition sur le thème de la sexualité lesbienne et de l'amour homosexuel. Elle ressent des affinités avec ces femmes et ces hommes dont l'objectif est d'afficher leur droit à la différence. A 27 ans; elle n'a plus peur de se prononcer. En 1995, elle réalise deux autres expositions notoires sur le sol américain : "Etching Today" au College of Arts de Santa Monica et "Paintings and Prints of Katrin Bremermann" à la Galerie Noire de Los Angeles. L'Art Scene de New York laissera une empreinte indélébile dans sa conscience : c'est à regrets qu'elle lève le camp. Entre-temps, elle aura fait de longs séjours en Europe (Londres, Madrid, Paris), au Japon, à Cuba, se sera essayée à de nombreuses techniques, dont la gravure, et aura "bricolé" de nouveaux moyens d'expression picturaux.
Progressivement alors se dessine la troisième période (depuis 2001). Elle s'attache à décrire chacun des organes tour à tour, cherchant à comprendre leur fonctionnalité dans un tout. Constructions étranges, où douceur des formes et des couleurs contraste avec l'apparente irréconciliabilité de deux univers : la vie artérielle esquissée en toile de fond est maculée de tâches, "formes organiques insolites, monochromatiques, qui semblent avoir leur vie propre". Ces formes permettent à Katrin de montrer autant que de dissimuler ce qu'elle ressent pour "illustrer la différence entre l'extérieur et l'intérieur". La toile devient un contenant psychique pour le puzzle des organes disparates représentant ces émotions qui l'envahissent et que par la contemplation de ses propres œuvres elle parvient enfin à appréhender. Car Katrin "parle avec le ventre et non avec la tête". Dans sa "petite chambre blanche" elle fait le vide, inspire et "découpe, pour être plus claire", comme Louise Bourgeois, rencontrée récemment et dont elle admire le style limpide, à l'impact immédiat. Par la suggestion des espaces et des formes, Katrin crée une "impression de déjà vu" donnant à voir des choses familières aux contours volontairement flous, afin que les gens les identifient inconsciemment à des lieux, des situations, des émotions déjà vécues. C'est la technique du "reader response" appliquée au spectateur : à lui de créer par ses propres interprétations. Ainsi, elle entre en dialogue avec lui… même s'il ne vient pas toujours lui parler. Ce qu'elle veut lui communiquer, c'est que l'on peut "vivre avec des choses dont on ne sait pas ce qu'elles veulent dire ; apprendre à faire avec sans chercher à tout comprendre, accepter le mystère". Apprendre à regarder c'est changer sa vision du monde. En découvrant Katrin Bremermann chacun peut espérer démêler l'écheveau de son inconscient tout en ne perdant pas de vue "la dimension ludique" qui colle à son oeuvre. Deux expositions parisiennes en 2001 : "Mémoires, Mémoire…" à la Galerie et "Summershow" à l'Avivson Gallery, ainsi qu'une participation remarquée au Salon "Jeune Création" en 2002.
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Katrin Bremermann
Jeune Création, partenaire exporevue, La Villette, Paris, du 21 février au 2 mars 2003
Katrin Bremermann, galerie virtuelle 2006
Artistes choisis par la rédaction exposants à Jeune Création :
Antonio Alcasser Erick Derac Delphine Ferré Laurent Fiederhaiche La Guardia Sandra Musy
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