modèle
non déposé
de rébus
technologiques
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Le projet artistique de Laurent Fiederhaiche emprunte les formes les plus froides de la communication d'entreprise. Les initiales de son nom deviennent identité visuelle, logo, pour le Système LF. L'inversion de la seconde lettre referme partiellement le dessin, suggérant une forme structurée mais restant ouverte, quelque chose de l'ordre de la matrice.
Dans la distanciation des limites imposées par cette esthétique industrielle, la parodie de l'utilitaire devient génératrice de graphisme.
Simultanément cette création artistique se programme en fausse production estampillée aux normes "française".
On pense à ce ready made détourné par Marcel Duchamp à partir de d'une publicité de peinture Ripolin pour un hommage à Apolinaire. Si ce n'est que le processus ici s'inverse. L'artiste travaille dans la post-production sur "modèle non déposé". L'auteur a recours à un vocabulaire utilitaire de planches, de croquis, de montage fonctionnant comme des rébus technologiques.
Venant après Philippe Thomas ou le groupe IFP un tel projet peut paraître superficiel, dans l'absence de prise en compte des conditions d'existence de l'art aujourd'hui. Et c'est compter sans la dimension humoristique qu'il ne faut pas à négliger.
Elle s'appuie sur une expérience commune de ce type produit en vente dans les chaînes de bricolage pour amateurs avertis. La différence réside dans le produit final, qui se veut œuvre d'art. On sait depuis les artistes conceptuels que le processus peut faire l'œuvre, l'artiste ici nous montre que la mise en réalisation technique la remplace. Dans une société du prêt à penser, du gadget social et artistique, prêt à consommer pour mieux être jeté, cette proposition nous apporte une dimension humaine et faussement amateur qui ne manque pas d'efficacité.
Philippe Agéa Paris, février 2003
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