Sans doute
commence-t-on
un peu à rêver…
de ce jeu entre la
ville et la nature,
le net et le flou,
le près et le loin
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Une dentelle aux détails extêmement fins semble être posée sur une vitre, comme un insecte écrasé, devant un paysage urbain. Les formes fines, issues de fibres végétales ou animales sont poussées à leur paroxisme devant la représentation floue de la ville. Tous les détails sont visibles jusqu'aux petites poussières venues se déposer sur l'ecktachrome.
Erick Derac, dissolution
Erick Derac utilise une chambre pour "enregistrer" le réel. Il intervient directement sur l'ektachrome qui en ressort en y collant des éléments nouveaux, étrangers à la photographie. Il va, dans une de ses séries, "Les Contaminations" (1999), jusqu'a découper l'ektachrome pour le remplacer par de la gélatine.
Erick Derac, dissolution
Parfois, les modules étrangers rappellent le plan d'une ville, celle, sans doute, qui est là juste derrière. Au premier coup d'oeil, soit on ne voit pas la ville soit on ne voit qu'elle. Le regard fait un va et vient entre les deux univers rassemblés ici dans un même espace, et fait le lien ou le non-lien. D'autres fois ces éléments perturbent le regard comme la tache sur la cornée après avoir regardé le soleil en face… envie de voir le paysage sans ces éléments perturbateurs ? Ce qui à mes yeux est devenu une carte en forme d'insecte m'interpelle… il s'agit de la structure nerveuse d'une feuille. Un nouvel élément s'impose : la question de l'échelle.
Le rapport entre ce qui est représenté sur l'image floue, en l'occurrence, des immeubles, et le premier plan prend une autre dimension. Sans doute commence-t-on un peu à rêver… de ce jeu entre la ville et la nature, le net et le flou, le près et le loin.
Erick Derac, dissolution
La silhouette noire et minutieuse, mêlée aux couleurs de la gélatine, m'intrigue plus que ces immeubles flous. Pourtant, étrangement, ce qu'elle évoque est intimement liée à l'urbanisme.
Chaque image nous invite dans son univers, lui-même composé de deux mondes parfaitement complémentaires finalement. Je me sens libre dans cet espace qui ocsille entre un sentiment d'infiniment petit et d'infiniment grand.
SophieKa Paris, mars 2003
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