Muriel Carbonnet-Caumes :

Pourquoi avoir choisi Miami pour une nouvelle foire d'art contemporain ?

Samuel Keller :

Les artistes et les galeries habitués d'Art Basel voulaient être présents sur le marché américain dans une foire proche de l'esprit de Bâle. Nous avons donc créé un nouveau modèle de foire en prospectant pendant plus de deux ans aux États-Unis. Miami s'est révélée idéale pour plusieurs raisons. C'est une ville cosmopolite qui a des gros moyens financiers, un aéroport international, un grand port, des structures hôtelières impressionnantes, un espace d'exposition (le Convention Center) à 200 mètres de la plage dans un quartier Art Déco, un temps magnifique en permanence, une scène locale artistique active avec des collectionneurs motivés. C'est finalement un endroit neutre comme Venise, Cassel ou Bâle. Ces villes concentrent en effet toute leur énergie sur l'organisation de leurs biennale ou foire d'art contemporain, ce qui concoure à leur succès incontestable. Les galeries de Miami nous ont suivis. Même si elles n'ont pas toutes été sélectionnées, elles sont conscientes de l'enjeu que cela représente pour Miami.

Muriel Carbonnet-Caumes :

Vous préparez une foire sans équivalent, pouvez-vous nous parler des exposants ?

Samuel Keller :

Elle sera plus contemporaine que Bâle. La qualité des 155 galeries est excellente, les meilleures du monde (dont 50 % américaines) : Marian Goodman, Barbara Gladstone, Luhring Augustine, Gagosian, Hauser&Wirth, Max Hetzler, Jay Jopling, Yvon Lambert, Donald Young, David Zwirner, Lisson, Gavin Brown's enterprise, Schipper & Krome, 303, Regen Projects, Tanja Bonakdar, Tomio Koyama, Juana de Aizpuru, Victoria Miro et bien d'autres.

Muriel Carbonnet-Caumes :

Qu'y aura-t-il de vraiment nouveau ?

Samuel Keller :

Autour de la foire dans un rayon de cinq minutes, des expositions satellites seront organisées le long de la plage dans des containers de bateaux transformés par des architectes (Steinmann & Schmid) en lieux alternatifs pour les jeunes galeries. Une quinzaine de projets d'artistes (performances, peinture murale, installations…) sera présentée, sous la direction du curateur James Rondeau, de la plage au jardin botanique. La bibliothèque du jardin a été spécialement aménagée pour que les visiteurs regardent couchés les vidéos des artistes. Des millions d'euros sont engagés dans cette grande aventure de l'art contemporain (plus de 80 % du budget est couvert par les galeries, moins de 10 % par des sponsors et moins de 10 % par le public).

Muriel Carbonnet-Caumes,
Paris octobre 2002, publication juin 2003