Sur l'axe Londres-Milan, aussi nommé croissant d'or par le monde européen de la finance, Bâle, très grand marché de l'art, aligne un nombre impressionnant de lieux d'expositions avec plus de 30 musées, 5 fois plus de galeries, et surtout le rendez-vous le plus prestigieux des amateurs et collectionneurs : Art Basel.

La 34^ème édition de cette "art fair" dont la notoriété va jusqu'à ceux que l'art n'interresse pas, est actuellement devenue la première foire d'art moderne et contemporain du monde, forte de presque 1000 candidatures d'exposants de tous les continents, dont seulement 260 galeries sont retenues en 2003, représentant quelques 1500 artistes.

La plateforme "Art Unlimited" offre aux artistes et aux galeristes un espace sur lequel ils peuvent présenter des œuvres qui dépassent le cadre des foires d'art traditionnelles. Cette initiative d'après Samuel Keller, directeur de la foire de Bâle, depuis l'espace "vidéo" imaginé en 1996, suivi de la création d'une grande halle pour tous les projets de type "photographie", "installations" (destinées aux œuvres très grandes, lourdes, bruyantes), "édition", a fait emmerger des artistes, entre autres, comme Marika Mori et Pipiloti Rist.

Cet historien de l'art, de l'économie et de la philosophie, grand communicant explique : "Notre succès vient du fait que nous essayons d'anticiper ce qui va se passer" sans oublier "l'aspect international". Résultat, une progression permanente en territoire Rhénan qui relègue bon nombre d'initiatives francophones au "fond du placard" face à ces "chasseurs de bon art".

Les mots clés sont simples : "contact permanent", "échange", "qualité", "nouveauté", "réinventer". Cet événement culturel est de toutes évidences "beaucoup plus qu'un commerce", et se pare de tous les superlatifs, y compris technique, pour acceuillir ces visiteurs.

La dernière section de l'année dernière, "Art Lobby" (dans la halle "Art Unlimited"), avec espace d'information, librairie d'art, vidéothèque, terminaux pour les oeuvres d'art numériques sur Internet, et surtout un lounge, lieu interactif d'échange d'informations entre artistes, collectionneurs, intermédiaires et public va jouer le même rôle, mais dans son cas physiquement, que celui revendiqué par exporevue. Inutile de dire que Art Basel et son directeur sont très actifs dans leurs relations avec les acteurs essentiels de l'Art du monde entier et optimise ces informations avec de précieux indicateurs : les collectionneurs.

Art Basel, soigne, conseille, "le marchand", pérénisant le système des galeries à peine vieux d'un siècle, premier "supporter" et "maillon indispensable", qui se doit de découvrir, médiatiser et de promotionner "l'état" d'artiste : "il y a donc très peu de bons artistes qui n'ont pas de galerie".

Alors "Art ou marché de l'Art" ; Art Basel réussirait-elle enfin la "quadrature du cercle" !

Philippe Agéa
Bâle, juin 2003