Est-ce que la
transparence des
structures publiques
ne devrait pas être
automatique ?
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Les FRAC sont dotés de comités techniques d'achat pour leurs acquisitions. Les premières années, on y trouvait une pléthore de gens d'horizons très différents, professionnels, élus, artistes. La lente professionnalisation des directeurs, qui venaient de formation très diversifiée et inégale, a transformé les comités techniques d'achat en les resserrant autour de leur réseau. Ce qui a provoqué, dans les huit/dix dernières années un resserrement des achats beaucoup plus liés au marché international. Est-ce la mission des FRAC de coller au marché international ?
Nous avions proposé comme une boutade l'idée de constituer une exposition avec les œuvres acquises dans les six/sept premières années des FRAC et qui sont très peu montrées. Ce serait une exposition importante et significative de cette évolution. N'importe quel historien d'art dira que si on n'a pas accès aux petits maîtres on ne comprend rien aux grands, ni à l'histoire du goût d'une société.
De même on peut s'interroger sur les missions de diffusion et d'ancrage sur les régions. Ce sont des Fonds pas des collections et le R de FRAC les prévoit Régionaux. Le FNAC est un vrai fond avec une diversité de choix énorme. Beaucoup d'artistes français ayant une visibilité nationale et internationale ont des œuvres au FNAC mais par contre dans aucun FRAC. Est-il hors de leur mission de soutenir les artistes qui travaillent sur le territoire français ? Nous défendons, comme l'institution, la notion d'artiste travaillant sur le territoire français et non la seule référence à la nationalité, la France reste une terre d'accueil et ce concept fait la différence avec d'autres pays.
La question de l'opacité et du secret se pose toujours. Avec le CAAP nous avons du faire appel à la Commission d'Accès aux Documents Administratifs (CADA) pour avoir des informations sur certaines commissions d'achat et les fonctionnements des FRAC. Est-ce que la transparence des structures publiques ne devrait pas être automatique ?
Les artistes vivent très difficilement en région, s'ils n'ont pas le marché institutionnel, vite épuisé parce que composé des 22 FRAC, d'une vingtaine de centres d'art et d'une petite dizaine d'artothèques. Contrairement aux effets qu'on aurait attendu des missions de diffusion des FRAC, ils n'ont pas réussi à créer des réseaux de collectionneurs et les galeries ne survivent pas en province. Pourtant des marchés existent. Ils sont de niveaux différents et s'adressent à des amateurs diversifiés. Les jeunes artistes restent toujours financièrement accessibles. Mais il y a une vraie distorsion entre le marché français et le marché international ; à l'étranger nous ne sommes pas pris au sérieux parce que nos prix restent globalement trop bas, et en France, pas plus, parce que nous sommes pas côtés sur le marché international.
Antoine Perrot, Paris, août 2003
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