Jeune Création 2004, le choix d'exporevue :
Raphaël Siboni

Jeune création

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2004


Né en 1981, Raphaël Siboni, a été formé à la Sorbonne (Arts plastiques) puis à l'Ecole des Beaux Arts de Paris. Passionné de cinéma expérimental, il passe du super-huit à la vidéo numérique et termine sa formation à la section vidéo de l'Ecole nationale des arts décoratifs. En 2001 et 2002, il participe au Festival des cinémas différents (Collectif jeune cinéma). L'édition 2003 du festival a sélectionné un de ses courts-métrages en DV dans la section "Calligraphie du réel".

A la fois plasticien et cinéaste, Raphaël Siboni tente de concilier les méthodes et les contraintes parfois contradictoires de chaque discipline. Il ne se situe pas dans la lignée d'artistes comme Mark Lewis ou d'autres dont les films sont faits pour la galerie ou le musée, destinés à être vus en boucle, sans début ni fin, dans des salles sans sièges, dans un espace qui tient plus de l'installation que de la salle de cinéma. Ainsi, le spectateur ne court pas le risque d'être happé par l'image. Il reste conscient de son corps et de son environnement et garde la distance réflexive et critique qu'exige l'art.

Pour Raphaël Siboni, il ne s'agit pas de déconstruire le cinéma pour nourrir l'art mais d'utiliser les méthodes de la réflexion artistique pour faire du cinéma. Ses courts-métrages suivent un cycle narratif, même s'il est ténu, avec un début et une fin. Pour lui, le dispositif d'installation artistique ne se situe plus dans l'espace du spectateur mais dans celui du studio de production et dans le travail de la post-production (sur-couche de manipulation numérique et d'effets spéciaux). Poursuivant la logique cinématographique jusqu'au bout, il estime que le spectateur de ses films doit être plongé dans les conditions d'absorption maximale du cinéma de fiction : salle obscure, séance annoncée, silence, fauteuils, affiche et tout l'environnement propre au cinéma.

Jusqu'à présent, l'artiste part toujours d'une personne et d'une situation réelles qu'il organise avec un minimum de scénario. Après une fragmentation extrême au montage, il reconstruit le document autour de chaque séquence ou image à potentiel narratif : un couteau qui tombe ou une course poursuite ("Cet à peu près moi"), un coup de téléphone ("Rectifications"), un animal empaillé et un opéra chinois ("Princesse Chang Ping"). Tissé de ces amorces de narrations mises bout à bout, le film avance par à-coups comme une histoire qui aurait envie de se raconter mais qui, trop consciente de ses procédés narratifs, cherche encore son chemin. "Fictions documentaires" ou "documentaires fictifs", ses vidéos ont la grâce expérimentale des débuts. Récusées par les documentaristes comme par les cinéastes, elles tarderont sans doute à trouver leur place mais on sait bien, depuis Adorno, que l'art progresse en cherchant des solutions à des questions insolubles.

Pauline de la Boulaye
Paris, février 2004

Dossier sur les artistes choisis par la rédaction exposants à Jeune Création : >   Jeune Création 2004, le choix d'exporevue - Sophie Bouvier Auslander -  Charlotte Desaga et Thom Kubli, Ritual vortex - Les paysages urbains de David Giancatarina - François Guibert - Julien Guinand - "Les Panoramiques froissés de Duncan Wylie"

Jeune Création 2004, du 12 au 22 février, partenaire exporevue
exposition d'art contemporain, Grande-Halle de la Villette,
211, avenue Jean-Jaurès, 75019 Paris,
métro : Porte de Pantin,  www.jeunecreation.org 

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