ce n'est qu'après
que le titre de
l'exposition
devient
compréhensible
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Tel est le titre en forme de boutade de la seconde exposition d'Emmanuel Latreille à la Galerie du Frac Languedoc-Roussillon. Il a choisi de créer "un mixage" aussi bien dans les formes (vidéo, installations, photographies…) que dans les œuvres qui appartiennent au Frac ajoutées à de nouvelles propositions. Ce mixage n'a aucun parti pris thématique mais l'exposition "détermine un parti pris fondamentalement poétique".
Ainsi l'exposition veut simplement présenter un ensemble d'œuvres anciennes et nouvelles en proposant une grille de lecture où de travaille.
Les œuvres appartenant à la collection ne sont guère surprenantes, on y retrouve une œuvre au stylo bille d'Alighiero Boetti Per filo e per segno, une photographie de Bill Owens L.A. Skyscraper view perdu dans la salle, ainsi qu'une installation Les moules de Joe Scanlan peu attractive. A côté de celles ci on retrouve une installation importante d'Ohad Meromi Villa 2, invitant le spectateur à y entrer, à y déambuler et même à modifier (légèrement) son apparence, afin de créer sa propre ambiance de bureau. Deux autres œuvres sont aussi marquantes malgré leur mauvaise qualité d'exposition, une sérigraphie de Jean-Marc Bustamante Lumière, placé à proximité du banc réalisé par Ann Veronica Janssens, le spectateur hésitant entre une œuvre ou un objet utilitaire.
Les propositions d'artistes sont très intéressantes et très pertinentes. On retrouve deux œuvres de Christian Robert-Tissot, une première mettant en action des petits disques d'aluminium rotatifs noirs et blancs et une seconde vraiment impressionnante aussi bien par sa taille que par sa présence dans la Galerie constituée d'une enseigne lumineuse verte clignotante déployant le mot stress. Lo•c Raguénès réalise trois sérigraphies très douces dans ses couleurs invitant dans un premier temps le spectateur à entrer dans l'exposition et à déambuler dans celle-ci, comme si elle souhaitait la bienvenue au visiteur. Les deux autres sérigraphies dialoguent avec l'œuvre d'Ohad Meromi, et traitent elles aussi de l'univers du travail. L'idiot de Jean-Claude Ruggirello est une vidéo assez ludique invitant le spectateur assis sur le banc d'Ann Veronica Janssens à observer un homme déplaçant des objets de la droite vers la gauche, puis dans l'autre sens à l'image d'un inventaire sans fin et surtout sans logique.
L'œuvre la plus intéressante de l'exposition est une vidéo d'Hamid Maghraoui intitulé Claire Chazal, qui fait entendre et voir toutes les respirations de la célèbres journalistes mais aussi celles des reporters et des personnes interviewés, l'ensemble des extraits mis bout à bouts provoque très vite d'abord par le son, puis par les images un sentiment d'interrogation, puis de malaise ou de gêne.
L'ensemble des œuvres très hétéroclites aussi bien dans les formes que dans les thèmes apparents fonctionne, et ce n'est qu'après que le titre de l'exposition, travailler fatigue, devient compréhensible, voire même judicieux.
Clément Nouet Montpellier, mars 2003
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