Vu leffacement de lart dans notre monde au bénéfice de la culture puis du tourisme culturel et enfin du tourisme tout court, la récente ouverture dun Musée de la Publicité dans les locaux de lUnion centrale des arts décoratifs nest pas sans susciter quelques interrogations quant aux actuelles aspirations de notre société. Elever ainsi un temple à limage publicitaire, nest-ce pas finalement encenser les vertus des lois du marché et par la même occasion la puissance du libéralisme. Le publicitaire nest-il pas le mercenaire surpayé des marchés ? Nest-il pas aussi un technicien habile au service dune communication sociale de masse afin de mieux solder produits et services ? Cela est sans doute vrai.
Mais pour une génération plus jeune, la publicité constitue surtout un bagage culturel avec lequel chacun joue avec délectation. "Nous ne sommes pas dupes" semblent déclarer ces enfants de la publicité lorsquils entonnent à table un jingle pour la plus grande joie de leurs amis. Pour ces jeunes générations la culture est un patchwork de références hétérogènes dans lequel interviennent aussi les séries télévisées et ces publicités de leur enfance. |
La publicité ne serait donc que lillustration dun moment de la société, sorte de document attestant des attentes et espoirs dun pays dans une époque donnée.
Afin de répondre à toutes ces critiques et ces attentes, le tout nouveau musée de la publicité (prolongement de lancien musée de laffiche) est divisé en deux parties distinctes et complémentaires. Rénové et scénographié par Jean Nouvel, lensemble débute avec deux salles proposant un bar, une série de consoles doù le spectateur peut consulter des dizaines de spots télé classés par titre, sujet et réalisateur. Plus loin, une série de pièces sert décrin pour une rétrospective de René Gruau, le célèbre affichiste auteur du Rouge Baiser. Grâce à son association avec lémission Culture pub, Réjane Bargiel, conservatrice du lieu, nous promet pour bientôt des sagas de marques, des panoramas historiques, des monographies, le tout issu dune riche collection comprenant près de 50 000 affiches et des milliers de films internationaux. Lensemble est complété dinterventions de jeunes artistes : Claude Closky pour le site internet, Valérie Belin pour les vitrines et Frédéric Sanchez pour le parcours musical. Quelles que soient les motivations du visiteur, celui ne doit pour autant oublier que lUnion centrale propose en permanence de nombreux trésors. Ainsi, lexposition des tissus dAnni Albers nous montre comment une jeune femme dans les années trente sest engagée dans lavant-garde la plus intransigeante au sein du Bauhaus en créant un atelier de tissage doù sont sorties des pièces qui ont révolutionné lart du tissu. Aujourdhui encore on demeure stupéfait devant lextraordinaire modernité qui se dégage des motifs et couleurs de ces réalisations. Face à la beauté de cette exposition, on peut cependant regretter que lartisan de ce renouveau de lUnion des Arts Décoratifs, Marie-Claude Beaud, ait décidé de sétablir au Luxembourg pour présider aux destinées du futur musée dart moderne.
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De l'affiche d'hier aux images virtuelles d'aujourd'hui
Musée de la Publicité, Palais du Louvre, 107, rue de Rivoli, Paris 1er, France.
Interview de Jacques Séguéla et de Jean Nouvel
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