"Je veux que mon œuvre porte sur le sonore, mais elle ne doit pas nécessairement avoir rapport à la musique" |
La collection Lambert en Avignon propose la première rétrospective en France du suisse new yorkais Christian Marclay (49 ans). L'exposition qui a été organisée par le Hammer Museum, a également été présentée dans deux autres musées américains, au Bard College Center for Curatorial Studies, New York, et au Seattle Art Museum. Trois présentations ont été choisies pour l'Europe, en été 2004 en Suisse, au Kunstmuseum de Thoun, à l'automne 2004 en France à la Collection Lambert en Avignon, puis enfin au printemps 2005 en Angleterre au Barbican Center de Londres.
La première partie de l'exposition est silencieuse, Christian Marclay développe des pièces où la sculpture naît du son. Ainsi The Beatles (1989), est un coussin houssé d'une bande sonore crochetée de tous les enregistrements du fabuleux quatuor des Beatles. Au mur, l'association de différentes pochettes de disques forme le manche d'une guitare ; trois pochettes déchirées et recomposées dans un collage donnent à Michael Jackson une énième physionomie : son visage, mais le torse d'une chanteuse noire et la jambe d'une blanche et Jim Morrisson quant à lui, prend une pose hindoue, via un bras piqué chez Cat Stevens, l'autre chez Diana Ross, et deux jambes culottées chez Santana. On retrouve aussi des pochettes de vinyle peintes ou le célèbre album blanc recouvert de bouts de chansons des Beatles au stencil. En modifiant les enveloppes de disque, l'artiste dit réfléchir sur la fonction sociale de la musique.
Les rares vidéos sont superbes : on retiendra Guitard Drag. Une guitare électrique "Fender Rollercoaster" est tirée par un "pick-up". Le camion roule sur les routes texanes. L'ampli étant branché sur le véhicule, on entend le son de la guitare. La pièce vidéo est une réponse directe à l'exécution raciste de James Byrd, assassiné de la même façon sur les routes texanes en 1998. La violence de la vidéo est singulière, l'image de la guitare qui se déchiquette est un écho sonore et visuel d'une violence qui a dû être sanguinolente visuellement. Dans Video Quartet , chef d'œuvre de l'exposition, Marclay puise des dizaines d'extraits pour constituer une pièce sur quatre écrans juxtaposés. Ces fragments cinématographiques (Psychose, Woodstock, Delivrance, Poltergeist, etc.) telle une performance musicale font office de concert. Des personnages jouent de la musique (Rubinstein), des acteurs musiciens (les frères Marx), des chanteurs (Julie Andrews), des acteurs interprétant des musiciens, ou des bruits «performés» (un papier jeté à l'eau, des claquettes, le bruit d'un robinet), se mêlent, se distordent, s'harmonisent dans un spectacle visuel et sonore. Il s'agit bien de spectacle.
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Collection Lambert en Avignon, Musée d’art contemporain,
5, rue Violette, 84000 Avignon
Expositions Sol LeWitt et Christian Marclay,
du 30 octobre 2004 au 16 janvier 2005, www.collectionlambert.com
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