Enfin, Richard Laillier en a fini de nous leurrer avec ses ambiguïtés répétitives photos-dessins. Nous voilà rentrés dans le vif du sujet : la chair dans tout ce qu’elle a de plus suffocante, la tripe, les lambeaux, les tables de préparation d’Ambroise Paré, la dissection à vif et toujours sublimée par un corps qui se tient à quatre pattes, ou semi érigé, ou debout et fier devant le combat, le combat de la vie, qui, si nous n’y veillons pas comme il le fait, nous jette dans la fosse aux lions.

Cet état de veille du corps face aux amputations diverses et variées est toujours extrêmement bien dessinées, ou effacées si vous préférez (la technique à la pierre noire que Richard Laillier pratique consiste à couvrir la feuille de noir et avec la gomme à faire apparaître les blancs pour qu’émerge la forme).

Cet effacement du noir total où nous nous trouvons les nuits de grande frayeur mais où l’on veille quand même, Richard veille en enlevant le noir du cauchemar pour laisser apparaître ses visions dantesques, parfois tragiques, et, remodelant un autre cauchemar, parfois extrêmement rassurantes, car "ça" on l’a déjà vu quelque part.

Jacques-Robert de la Meilleraye