Effacement


















Associations


















Fenêtres-tableaux


















Apparence

Quand Yvan Klein m'a montré sa première sélection d'images réalisées au Japon je les ai spontanément classés par couple en accentuant le jeu de correspondances et d’oppositions qui se dégagent de ces photographies.
Visionnées ensembles, ces images rendent très bien cet aspect typique de la culture japonaise où l’esthétique de la dichotomie semble neutraliser deux forces apparemment opposées. Ces images qui affrontent les thèmes combinés comme « nature et culture », « intérieur et extérieur », « modernité et tradition », « objets inertes et corps en mouvement » fonctionnent aussi dans une logique de l’effacement par le rythme des associations.

Yvan Klein

Comme les « fenêtres tableaux » au Genkô-an, petit temple zen au nord de Kyôto, la série de Klein, qui retrace pourtant la vie contemporaine du Japon, est basé sur un effet paradoxal de deux vues différentes. Les cadrages rapprochés, centrés sur la taille des personnages dans les rues de Tokyo et de Kôbe, nous invitent à suivre le mouvement de la frénésie urbaine.
Tout en fonctionnant comme images isolées, elles appellent aussi à une vision plus contemplative dans un rapport de complément subtil des deux pôles. C’est peut-être pour cela que ces photos évoquent une certaine idée que nous avons de la culture nippone, à la fois fortement marquée par la tradition et extrêmement ouverte à la modernité la plus excessive. L’opposition entre réalité et apparence ne s’exclut-elle pas dans la pensée bouddhiste où l’apparence même est la réalité ?

Yvan Klein

Dans les travaux d’Yvan Klein, nous sommes constamment confrontés à des points de vue qui favorisent la suggestion, la correspondance de formes et de couleurs, voire les associations d’idées. Ces signes de l’apparence évoquent à peine une réalité objective. L’apparence comme réalité ou la réalité comme apparence est d’ailleurs une thématique récurrente dans l’œuvre d’Yvan Klein. Cette sensibilité et ce sens de l’esthétique se traduisent déjà dans ses séries des « herbes » et particulièrement dans sa série des « architectures» dans laquelle le jeu entre le réel et l’illusoire est frappant.
C’est la recherche du détail, qu’on a d’ailleurs déjà pu déceler dans ses photographies de la fin des années 90, qui témoigne de cette continuité dans la sensibilité avec laquelle il a réalisé la série sur le Japon d’aujourd’hui.

Paul di Felice