Une exposition ex situ ; oeuvres in situ

L'Incurable Mémoire des corps se tient à l'Hôpital Charles-Foix - à l'ancien " Hospice des Incurables " - à Ivry sur Seine du 22 septembre au 5 novembre 2000. Vingt-cinq artistes (Bili Bidjocka, Caro Boucher, Anne Brenner, Faust Cardinali, Aldo Caredda, Charley Case, Ulice Deborne, Nâomi Dines, Patrice Hamel, Nathalie Johann, Aï Kitahara, Cathy Lenihan, Emanuel Licha, Olivier Lounissi & Ivan Crozon, Françoise Maisongrande, 9/9, Ilana Salama Ortar, Guillaume Paris, Sarah Roshem, Christian Sindou, Boy & Erik Stappaerts, Yann Toma, Unglee Gabrielle, Wambaugh) qui, dans leurs travaux antérieurs, se sont intéressés soit au corps soit à la mémoire, sont invités à investir le site de l'Hôpital, ainsi que ses jardins, chambres, chapelle, etc., afin d'y réaliser une oeuvre in situ, s'inspirant de la thématique de cette exposition collective : à savoir, de la mémoire des corps.

Qu'est-ce que la mémoire des corps?

Par " mémoire du corps ", on entend les innombrables manières par lesquelles le corps reste fidèle à son passé, l'intégrant et l'exprimant dans ses gestes apparamment les plus spontanés. Il suffit de penser à quel point le corps refuse de désavouer ses propres circonstances primitives, intégrant obstinément dans ses accents, ses rythmes et ses postures les signes d'appartenance à un temps et un espace spécifiques.

Corps individuel, corps social

C'est par cette mémoire incorporée, que le corps individuel intègre le corps social. Car dès son plus jeune âge, le corps se fait " civiliser " : on lui apprend à se "tenir", à saluer, à interagir, selon les normes d'une culture, d'une nation, d'une religion particulières, et l'on n'en finira jamais à énumérer les valeurs faites corps. Ce qui est appris par le corps n'est pas quelque chose que l'on a, que l'on peut représenter devant soi, mais quelque chose que l'on est. La mémoire du corps est en ce sens " incurable " qu'elle est ce qui demeure dans l'homme lorsqu'il a tout oublié.

Qu'est-ce qu'une exposition collective ?

Pendant les dix-huit mois précédant cette exposition, les artistes se sont réunis régulièrement avec le commissaire pour en élaborer le concept. La génèse de cette exposition, la confrontation de démarches et d'idées qu'elle a permise, a enrichi les propositions et renforce la cohérence collective de l'exposition. Utilisant tous types de supports, allant de la peinture aux installations sonores et olfactives, du graphisme aux pratiques relationnelles, les vingt-cinq artistes ont pris le temps de comprendre la spécificité - et la difficulté, du lieu, et surtout de connaître ceux qui l'habitent, plusieurs d'entre-eux impliquant des patients comme co-auteurs de leurs oeuvres. Deux débats-rencontres avec les artistes sont prévues durant l'exposition : un premier aura lieu le jeudi 5 octobre et le second le samedi 14 octobre à l'amphithéâtre de l'hôpital. Un catalogue sera édité.

Stephen Wright
Commissaire d'exposition