Hassan Musa, Le conflit ridiculisé, exporevue, magazine, art vivant et actualité

Les épreuves et bienfaits du dépaysement ne sont sans doute pas étrangers à la sympathie que j'éprouve pour Hassan Musa. Je donne ici mon point de vue en tant qu'artiste peintre ayant choisi de s'installer une vingtaine d'année dans les conditions de base d'un citadin du Sahel.

Hassan Musa peint à l'acrylique la plupart du temps sur des toiles à matelas. C'est un support dont il tire en partie des motifs décoratifs.

J'aime la rigueur et l'ironie de son travail dont l'enchevêtrement de signes divers, parfois accompagnés de texte déstabilise les a-prioris les plus tenaces. Emblèmes, symboles, allusions au patrimoine esthétique et à l'actualité politique y conjuguent la diversité des systèmes de normes et de valeur jusqu'à l'incongruité.

Ses messages simples et clairs me paraissent faire sortir de sa réserve la part presque effacée de notre histoire humaine, la part insuffisamment prise en compte du dialogue interculturel. Ils m'évoquent le point de vue d'un interlocuteur hospitalier jusque là réservé, qui réfléchit plus qu'il ne parle, observe plus qu'il n'agit, donne avant de recevoir. A l'aune d'une revendication bien terrienne, ils mesurent les conséquences désastreuses du manque de reconnaissance, stigmatisent l'égoïsme et le retranchement. Patiemment, ils dénoncent la violence de l'indifférence. Farceurs néanmoins, ils mettent du piment sur les plaies et ridiculisent le conflictuel.

C'est le privilège de l'artiste de féconder en créant les tensions qu'il éprouve. Je suis donc heureux de voir chez Hassan Musa le tragique céder la place à une joyeuse et bienveillante malice, tendue encore et toujours vers la curiosité et l'ouverture d'esprit.

Il se dégage de l'ensemble une invitation particulière à partager la diversité des savoir-vivre et des points de vue en présence sur notre planète.