Hassan MusaUne urgence africaine
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Hassan Musa, "great american nude I"
Hassan Musa, "Saint Georges terrassant le dragon et l'aide alimentaire internationale" |
Les peintures de Hassan Musa nous projettent, sans respirer, dans un fabuleux marché d'Afrique.
Etals, pyramides anti-disette, cigarettes à l'unité. Ses toiles sont cousues dans la nécessité, à la machine à pédale du couturier de rue, tissus à motifs répétés. Autant de signes évocateurs : sacs de riz, wax de pagne. Le Soudan natal est prégnant, permanent, et nous regarde le regarder. Mais que l'on ne s'y trompe pas : pas d'exotisme gratuit, seul l'esprit est là : fruits et légumes imprimés, frises de motocyclettes, sigles chinois, hasard de l'objet trouvé qui s'impose comme support. Car la beauté est ce qui se frotte sur ces supports de hasard.
Le pinceau sauvage de Musa les ravage délicatement, par formes vives, virales, que des textes urgents viennent habiter.
Les personnages étonnent, voire sidèrent : Ben Laden, en posture équivoque, dénudé sur son drapeau américain, tel une bayadère alanguie sur sa couche. Ou ces fossoyeurs à mains nues qui descendent leur défunt au tombeau, Africains recueillis, magnifiques, dont les morts ne figurent pas au Grand livre mais pèsent tant, inexorables… Et que dire de cette forme presque humaine qui, en trois étapes, enseigne à tout un peuple à enfiler le préservatif de la survie. Ou de ce Saint-Georges terrassant le dragon, parmi carottes et légumes en frise… La technique elle-même flirte avec les origines : le batik fait ressortir les motifs en surface et donne toute sa profondeur aux dessins à l'encre. Une encre épaisse, prenante, qui force sa propre perspective. Mais la profondeur réside surtout dans ce que Musa dit. Il ne se satisfait pas d'une technique puissamment originale sans la mettre au service d'un discours tendu : l'Afrique se meurt mais compte bien se battre. La fatalité y est présente mais peut se contrarier, voire s'inverser. Musa lui s'y emploie, à coups de jets d'encre soutenus, brutaux, qui veulent –et peuvent- parler à l'essentiel. Même si ce n'est que par l'art, il n'oublie jamais que c'en est la vraie fonction. Pierre-Louis Humbert
Bruxelles, mars 2008
Hassan Musa, Galerie Pascal Polar, Chaussée de Charleroi 108, 1060 Bruxelles
tél. : +32 2 537 81 36 www.pascalpolar.be, pp@pascalpolar.be, jusqu'au 26 avril 2008
Black-Paris, Black-Bruxelles, Musée d'Ixelles, rue Jean Van Volsem, 71, 1050 Bruxelles
tél. : +32 2 515 64 21 www.musee-ixelles.be, musee@ixelles.be, jusqu'au 27 avril 2008 lire aussi Hassan Musa, le conflit ridiculisé, par Blaise Patrix |
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