Tourcoing, ville qui cherche un futur post-industriel, a-t-elle trouvé une voie royale avec l’audiovisuel. Peut-elle devenir la nouvelle Mecque de la création artistique assistée par ordinateur et de la video?

Dans cette zone de banlieues, aux confins de Tourcoing et de Roubais, rien ne laissait prévoir que cette construction futuriste vouée des années durant aux sports de combats, à la boxe et au catch, allait devenir la première, peut être la seule "université" en France donnant une formation théorique et pratique à des étudiants décidés à se diriger excusivement vers la création artistique audiovisuelle assistée par ordinateur. Chaque année 24 étudiants agés de moins de 35 ans à bac+4 sont recrutés par un comité de sélection comprenant des représentants de la Direction Régionale des Affaires Culturelles, du monde de l’art et des professionels. Ce comité statue sur un projet qui doit être précis et structuré. Les études durent 2 ans.

Les étudiants se familiarisent avec les technologies nouvelles et surtout, originalité de ce centre de formation, apprennent à gérer le budget de 7 500 Euro qui leur est remis pour mener à bien leur projet artistique, création qui mêle images et son, la video et l’expression vivante. Ils auront ainsi à se frotter aux arcanes de la production et de la diffusion des oeuvres artistiques audiovisuelles.
Le Centre du Fresnoy met à leur disposition un personnel d’une trentaine de personnes auxquels il faut ajouter un certain nombre d’artistes invités qui ont eux aussi la possibilité de créer avec le matériel mis à leur disposition.

Le Centre du Fresnoy, financé principalement par le ministère de la Culture, la région Nord-Pas de Calais et, dans une moindre mesure à hauteur de 6%, par la ville de Tourcoing, ne fonctionne pas en vase clos. Des relations étroites sont entretenues avec le musées des Beaux Arts de Tourcoing, mais surtout avec "Espace Croisé" à Roubais, un espace qui présente les oeuvres audiovisuelles du Fonds Régional d’Art Contemporain et organise des rencontres avec le public intéréssé par cette expression artistique.

Un large espace est ouvert au public qui peut se familiariser avec la video. Ainsi 72 écrans voisinnent côte à côte, oeuvres d’artistes célèbres ou moins connus, provenant de 18 pays, y compris de Chine. Cette exposition est un véritable état des lieux de la création video. Comme la photo en 1960, la video cherche encore sa voie, bien que les productions commerciales en soient très largement diffusées. Dans cette vaste installation la video est à l’état brut. Elle est comme un tableau dans une galerie de peinture. On peut la regarder, l’ignorer ou la voir, même avec des moyens complexes. La diffficulté pour le spectateur, c’est de détecter le talent à venir quand ses yeux sont habitués à des créations commerciales bien plus élaborées esthétiquement.

Lilianne Touraine,
mars 2002