le beau, la brute et la truelle
Maurice de Vlaminck
 
Vlaminck

Maurice de Vlaminck (1876-1958), Paysage de la Vallée de la Seine ou Paysage d'Automne, 1905, huile sur toile.
New York, The Museum of Modern Art. Gift of Nate B. and Frances Spingfold, 1973

"Ce que je n'aurais pu faire dans la société qu'en jetant une bombe – ce qui m'aurait conduit à l'échafaud – j'ai tenté de le réaliser dans la peinture, en employant de pures couleurs sortant de leur tube. J'ai satisfait ainsi à ma volonté de détruire, de désobéir, afin de recréer un monde sensible, vivant et libéré". En fait de fauve, Vlaminck vaut titre. Il rêvait de lancer des bombes, il lancera des feux de joie.
"Il allait dans les bois au lieu d'aller à l'école", me dit une amie de la famille. "Il taillait dans les troncs d'arbres des têtes de chevaux, des choses superbes…". L'adulte est grand, fort, sportif. L'artiste est physique, sa peinture sera physique, solide et bien en pâte.
De nature, de caractère, d'esprit, d'histoire vécue, tout, chez lui, indique l'aventure, annonce la promesse de découvertes grandioses, d'espaces nouveaux, aussi sauvages que mirifiques.

Pour cela, point n'est besoin de fuir nos contrées, de partir au loin, de tenter l'impossible : il le fera chez lui, à Chatou, au bord de cette Seine que la génération précédente des Gauguin, Van Gogh, des Nabis, Seurat, Signac, Cézanne ont déjà exploré de façon si impressionnante. Ses ballades à bicyclette le poussent à peindre. Son but : une touche libre, une peinture libérée. "Arrêter le film du temps et le fixer sur la toile". Atteindre les toits de la main. Plonger dans le paysage en plongeant dans la palette; et se lâcher. En compagnie de son copain Derain, il lâche les dernières conventions et se lâche, brosses en main, dans la couleur brute et la surface vive. Tout devient flamboyant, exaltant : Le Verger, 1906, Chaland sur la Seine au Pecq, 1906. Remarquable entre tous : Chatou. Paysage aux arbres rouges, 1907-08. La touche vibre au point de produire un phénomène visuel d'une intensité exceptionnelle.

A partir des années 1909-1910, progressivement les tonalités deviennent plus sourdes, plus profondes. Magnifiquement, les verts émeraude émergent avec émerveillement : Bord de rivière, 1090-1910. La nature croit dompter l'artiste… erreur : il n'en sera que plus fort, plus puissant, plus fulgurant. Le mouvement, la vitesse, la fulguration seront les moteurs de son œuvre : vers d'épatants éblouissements d'empâtements épatés. Maurice de Vlaminck fût parmi les premiers, dès 1905, à collectionner l'art africain : de très belles pièces sont exposées au Musée du Luxembourg. Ainsi qu'une suite remarquable de céramiques de l'artiste.
Trop rares sont les ouvrages sur Vlaminck, le catalogue de l'exposition, aux éditions Skira, n'en est que plus précieux.
 
Olivier de Champris
Paris, mars 2008
 
 
 
Maurice de Vlaminck, un instinct fauve, Musée du Luxembourg, 19, rue de Vaugirard, 75006 Paris,
du 20 février au 20 juillet 2008.  www.museeduluxembourg.fr
Crédits photographique - http://www.moma.org et catalogue http://www.skira.net
Lire aussi Vlaminck, un instinct fauve
 
 
Livre sur Vlaminck

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