Que d'ombres |
Olivier de Champris
Que d'ombres mortifères cette année à la 52ème Biennale de Venise. De la guerre du Liban (les photographies –puissantes– de ruines de Beyrouth) à la guerre en Irak et en Afghanistan (Emily Prince avec une installation intense de petits portraits à la plume sur des pages de papier jauni disposés selon les Etats d'origine des victimes), en passant par une nouvelle lecture du 11 septembre pour l'américain Charles Gaines. Auxquels s'ajoutent les dessins sacrificiels d'Omar Galliani à la Fondation Stampalia.
A la Corderie, saluons le travail remarquable de Felix Gmelin, une œuvre transversale d'outre-terre. Au fond de l'Arsenal, on ne manquera pas les sculptures di Linfa, les troncs d'arbres habillés, les cuirs et autres marbres installés selon une rare intelligence des sens par Giuseppe Penone, qui, à côté de la vidéo en vis-à-vis de Vezzoli, dérision de la démocratie Américaine, redonne espoir en quelque chose qui resterait à découvrir… Gerardo Dicrola
Aux Giardini, dans les Pavillons nationaux ? Certes, il y a Polke et ses immenses toiles énigmatiques et translucides. Il y a Gerardt Richter et quelques beaux Abstrakte. Et puis il y a la vidéoinstallation dread du jeune texan Joshua Mosley, subtile, poétique et philosophique à la fois : Pascal et Rousseau, devisant dans les bois, animation noir et blanc, à partir de petits bronzes représentant les protagonistes, chien et scarabée compris !
Emouvant sondage sur le vif, la vidéo de Yang Zhenzhong Je vais mourrir prononcé par le commun des mortels de tous pays prend une résonance particulière. Cela nous mène au pavillon russe qui présente les versions multilingues de J'espère selon Julia Milner. A la Giudecca, l'étincelle s'appelle Laudes Regiae, véritable liturgie de translucidité d'Andrea Morucchio. Sans oublier la proposition définitive de Bill Viola à la Chiesa di San Gallo. Nathalie Brauld
Finalement, il faut revenir à l'Arsenal, côté Baccini, pour trouver une concentration d'étoiles : Joseph Beuys, Défense de la nature, organisée par Lucrezia di Domizio Durini. Cet évènement, hommage à Harald Szeemann, permet de découvrir une « expansion » du Maître allemand. Gerardo Dicrola : à propos de sa vidéo Lux Corpus – il dit : "L'homme est omnivore, j'aurais préféré qu'il soit herbivore, qu'il fut ainsi plus sensible à la nature et la respecte. Je suis contre toute tuerie …". Nathalie Brauld qui, dans son Face à Face, expose à travers la métaphore du coq toute l'ambiguité humaine.
"L'artiste à la recherche de son inspiration, capable d'aller jusqu'au ciel", tel est le thème de Le présent n'a pas d'âge, film de Démosthènes Davvetas et Claude Jeanmart. Enfin, pour la première fois à la Biennale de Venise, Olivier de Champris, met en abyme peintures et photographies par la vidéo selon une recherche de la lumière, dans laquelle prédominent les principes d'accomodation et de halo. Cette suite d'œuvres s'articule sur le déroulement de cent conférences autour de thèmes beuysiens, dont celle, prometteuse, de Gérard-Georges Lemaire sur le chapeau de Beuys, annoncée pour le 16 septembre, et de la publication d'un livre important sur l'auteur de La fin du XXème siècle, synthèse d'un des artistes les plus prémonitoires de son temps. Un temps d'espérance, malgré tout.
Démosthènes Davvetas et Claude Jeanmart
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