Ballets d'âmesUlrike Bolenz : entre vidéo, photographie, peinture et installation
Ulrike Bolenz, "Icare"
Bolenz, "Atelier"
Bolenz, "Homme code-barre"
Bolenz, "Femmes"
Bolenz "Femme"
Bolenz "Femmes"
Bolenz "Homme"
Bolenz "Icare"
Bolenz, "Installation à la galerie Libre Cours" |
Ce n'est pas juste une expression plastique, c'est une main tendue vers les autres et en particulier ses amis. Ulrike tente de saisir et de fixer dans la matière, une fugitive réalité de ses proches, et quelquefois d'elle-même. Ses installations ont parfois des airs de film de science-fiction tiré d'un roman de Philip K. Dick, mais cette apparence futuriste ne tient qu'au medium car son propos n'est qu'un effort sensible afin d'écarter le brouillard qui persiste entre les êtres et affirmer une transparence symbolique. Toutes ces âmes tournoient et dansent. Elles montrent leur pureté au travers de cette représentation de "portraits nus". Car Ulrike Bolenz nous apparaît très pudique tout en déshabillant ses sujets dans une solennité toute germanique, une sorte de "gestalt malerei" affectif.
Son travail est avant tout un travail de peintre (Arnulf Rainer), même si de nombreux médiums apparaissent dans son processus créatif : en premier, selon ses dires, elle apprivoise ses "modèles" avec la vidéo et la photographie. Cette "capture" est plus dans le mouvement et le comportement, dans l'esquisse du peintre que dans une logique de photographe (Dieter Appelt). Puis vient naturellement l'épuration visuelle sur informatique suivie du montage des diverses parties de son propos. Ce travail achevé, du virtuel, elle "imprime", "matérialise" sur un support transparent, même si elle l'utilise collé sur des toiles comme un bas-relief. Dans les versions actuelles des travaux exposés, le plexiglas est majoritaire pour mieux jouer de ces transparences. Elle continue son parcours en découpant, effrangeant, recollant, décalant, fragmentant, et même, la boucle est bouclée, repeignant sur tous les côtés de ses supports. C'est à ce stade, me semble-t-il, qu'intervient la vraie naissance de ses sujets. Puis enfin, vient l'installation, la mise en espace, où l'ensemble des éléments de son œuvre crée cet univers si fantasmagorique, et où, nous devons ajouter un autre médium, la lumière. Compléter avec du son en ferait-t-il une performance plus complète ? Les "âmes" sont silencieuses… Dans cette tentative de saisir l'inaccessible, notre chasseuse d'entités, renforce son discourt symbolique avec des séries de travaux comme "Icare", un homme qui tente de toucher le soleil, "perd ses plumes" sinon se brûle, ou encore ces femmes donnant l'impression d'être clonées, beaux corps comme toujours sans pied, où l'entièreté du visuel est un "code-barres" renforçant encore plus cette sensation de monde éthéré où les humains flottent, dérivent, essaient de se rencontrer. Des images surprenantes où on sent l'élan d'une force vitale et la chaleur des "autres".
Philippe Agéa
Bruxelles, novembre 2007 Ulrike Bolenz 15 novembre au 15 décembre 2007
Galerie Libre Cours, 100 rue de Stassart, 1050 Bruxelles, www.galerielibrecours.eu |
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