Les affiches des Internationaux de France, commandées par la Fédération Française de Tennis, aux plus grands artistes du moment, de Valério Adami (1980) à Jaume Plensa (2005), sont rassemblées et exposées pour la première fois sur 1000 m2.
Vingt cinq années d'alliance entre l'Art Contemporain et le tennis |
© Eric Della Torre 2005
C'est à peine si on devine qu'un musée existe depuis deux ans, si on manque d'attention. Nous pouvons remarqué un petit chalet, dont l'extérieur est classé ; le musée dédié au tennis, en sous-sol, s’étend sur plus 1000m2.
Nous descendons l'escalier. Sur notre gauche une centaine de raquettes, des années 1950 à nos jours, nous saluent. Se trouvent également une bibliothèque et un atelier pédagogique dont la décoration intérieure a été imaginée par le designer Bruno Moinard, à qui on doit les boutiques Cartier, entre autres, et qui travaille actuellement au Qatar, sur un projet de bibliothèque. Sur notre droite se trouve le musée historique : un monde qui nous est inconnu, une mine de renseignements, sur l'origine du tennis du XIème siècle à nos jours, 500 heures d’archives, vidéo en ligne,… d'histoire, l'évolution, c'est fabuleux. Devant nous, l'exposition s'étend dans une parfaite scénographie : toutes les affiches et des réalisations originales telles que toiles, lithographies, gravures, collages, sculptures, gouaches, huiles, quelques films définissant chaque artiste. L'exposition a été imaginée avec le soutien de la galerie Lelong. © Eric Della Torre 2005
Nous pouvons observer les affiches suivantes par année :
1980 - Valério Adami né à Bologne (Italie) en 1935, "Une ligne en tête" Artiste phare de la fin des années 70. Violent et graphique, ce premier service gagnant cristallise les trois temps de l'action : le lancer de la balle, l'amorce du geste et l'impact. Le tout en un seul trait, mais trois projets, l'un rouge, l'autre bleu, le dernier vert, fidèles à la devise du peintre : "l'instrument qui permet de lire est la couleur, tout comme la voix est l'instrument fait pour lire la parole écrite." 1981 - Eduardo Arroyo né à Madrid (Espagne) en 1937, "La mémoire au présent" "Je n'ai jamais cru au message, plutôt à l'exemplarité de l'œuvre et du peintre." Il imagine beaucoup d'estampes depuis la chute du franquisme, jouant sur les personnages de dos ou de trois-quarts, des personnages inconnus. Là, nous voyons de dos une longue chevelure blonde, un bandeau autour de la tête aux couleurs de la France, ainsi le regard se tourne maintenant vers d'autres horizons. Cette représentation figurative rejoint son travail et l'actualité. Le roi du tennis, Björn Borg amorce la fin de sa carrière internationale. Témoin du temps. 1982 - Jean-Michel Folon né à Bruxelles (Belgique) en 1934, "Le court du temps" "Je ne comprends pas mes images, et n'importe qui est libre de les comprendre comme il le souhaite." Cette image poétique, sous son pinceau, "le court" du temps s'ouvre sur un astre pâle au petit jour et chasse les nuits d'hier et leurs chimères… 1983 - Vladimir Velickovic né à Belgrade (Yougoslavie) en 1935, "L'anatomie de l'exploit" "Je tente avant tout de laisser une cicatrice dans la mémoire du spectateur." 1984 - Gilles Aillaud né à Paris en 1928, "Voir en peinture" "J'ai toujours dit qu'un hippopotame, même enfermé, n'était jamais qu'un hippopotame, et pas une image de l'homme"." 1985 - Jacques Monory né à Paris en 1934, "Le roman noir en couleur" "J'aime beaucoup les armes. Je trouve magique de pouvoir atteindre, par exemple, une boite d'allumettes à 50 mètres." 1986 - Jiri Kolar né à Protivin (Bohême) en 1914, mort à Prague en 2002, "Ecrits et déchirements" Les choses ne passent rien sous silence. 1987 - Gérard Titus-Carmel né à Paris en 1942, "Recouvrir la mémoire" Rien ici qui ressemble à une quelconque censure. Juste la pleine jouissance d'un privilège : l'oubli. 1988 - Pierre Alechinsky né à Bruxelles (Belgique) en 1927, "Un pur-sang d'encre" "La main gauche, les éducateurs me la laissaient pour les travaux dits secondaires : la fourchette, le chausse-pieds et… le pinceau." 1989 - Nicola De Maria né à Naples (Italie) en 1954, "Campagne d'Italie" "Je suis un poète qui écrit avec les doigts plein de couleurs." 1990 - Claude Garache né à Paris en 1930, "L'éternel féminin" Le seul artiste à représenter une femme. "La femme est pour moi une source d'inspiration, en général et dans toutes ses actions. Cette alliance de la force et de la féminité incarnée par les joueuses me subjuge. Elles sont superbes en action, vraiment belles. Le sport est l'une des formes privilégiées de l'expression de la féminité." 1991 - Joan Miró né à Barcelone (Espagne) en 1893, mort à Palma de Majorque en 1983, "L'épreuve du temps" Pour le centenaire du tournoi, la signature d'un contemporain de l'épreuve s'impose : Joan Miró 1992 - Jan Voss né à Hambourg (Allemagne) en 1936, "Qui assemble se ressemble" "Je me suis saisi d'une véritable raquette, trempée dans de la couleur, pour servir une grande balle et lancer ainsi le tournoi." 1993 - Jean Le Gac né à Tamaris (France) en 1936, "Le double "je"" "Devenu peintre par un miraculeux concours de circonstances, j'envie les écrivains." 1994 - Ernest Pignon-Ernest né à Nice en 1942, "Franchir le mur du temps" "RG est avant tout la terre, j'ai donc préféré la sanguine, qui véhicule une certaine sensualité." Les sentiments universels exprimés par cette main sont intéressants. Ouverte et tendue, cette main exprime la mise en jeu, mais aussi la lutte contre l'apesanteur et le dépassement de soi. 1995 - Donald Lipski né à Chicago (Etats-Unis) en 1947, "La magie des formes" "J'ai senti très tôt que tout, sans restriction aucune, pouvait être utilisé pour faire une œuvre d'art". 1996 - Jean-Michel Meurice né à Lille en 1938, "Une surface de jeu" "Je réfléchis toujours beaucoup à mes tableaux avant de m'y livrer, comme pour une bataille." 1997 - Antonio Saura né à Huesca en 1930, mort à Cuenca en 1998, "Oser saura" Un dessin créatif, imparfait mais vital, tremblant mais fluide, à l'image de la vie même. 1998 - Hervé Télémaque né à Port au Prince (Haïti) en 1937, "Analyse d'un court magistral" " difficulté réside dans l'idée même de la commande. Il faut tenir compte des auteurs, de leur perception…" 1999 - Antonio Segui né à Cordoba (Argentine) en 1934, "Figures de premier plan" "J'ai constaté que le public, un acteur important du tournoi, n'était pas très présent dans les précédentes approches." 2000 - Antoni Tàpies né à Barcelone (Espagne) en 1923, "Une abstraction sauvage et raffinée" 2001 - Sean Scully né à Dublin (Irlande) en 1945, "La griffe d'un tigre" 2002 - Arman né en France en 1928, "The Arman touch" 2003 - Jane Hammond née à Bridgeport (Etats-Unis), "La fille modèle" L'américaine Jane Hammond est la première femme admise dans le club très fermé des affichistes des Internationaux de France. "Je voulais associer deux idées : l'une, la terre rouge qui est une matière que je qualifie de "lente" ; l'autre, l'image du tennis, un jeu où la rapidité est primordiale. A l'argile très tactile, ces rajouts de mouvements est un parcours dans le temps." 2004 - Daniel Humair né à Genève (Suisse) en 1938, "L'abstraction narrative" "Je suis un improvisateur." 2005 - Jaume Plensa né à Barcelone en 1955, "Un homme à la lumière du Nord" "C'est un travail sur les origines culturelles, d'où un texte de Rabelais sur le jeu de paume. C'est une réflexion sur le fondement des choses, ainsi la couleur est très foncée. Le noir est noble pour les méditerranéens, c'est un hommage à la lumière du Nord. J'ai toujours trouvé cela très beau le ciel nuageux, plombé et bas de Paris." Au delà de l'exposition thématique, les visiteurs du Tenniseum découvrent le monde historique du tennis ; là, nous voyons que nos connaissances sont infimes. Roland Garros ? D'ailleurs, connaissez-vous l'origine de l'appellation Roland Garros, vous êtes vous déjà posé la question ? Il fut un aviateur français né à Saint Denis, Ile de la Réunion en 1888. Il traversa le premier la Méditerranée le 23 septembre 1913, de Saint Raphaël à Bizerte, il fut tué en combat en 1918. C'est l'inventeur du tir à travers l'hélice. J'espère que votre curiosité est mise en alerte et je vous convie à en savoir plus, vous ne serez pas déçus sur dix siècles de rebondissements, c'est fabuleux et tellement enrichissant. Si vous connaissez plus le milieu du tennis, alors vous apprendrez plus sur le milieu de l'Art et vice versa.
© Eric Della Torre 2005
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Tenniseum, musée de Roland-Garros, Fédération Française de Tennis, Stade Roland-Garros, 2, avenue Gordon-Bennett, 75016 Paris
ouvert tous les jours de 10h à 18h sauf le lundi, Métro Porte d'Auteuil, tél. : +33 1 47 43 48 48, http://www.fft.fr
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