The European Fine Art Fair (Tefaf)
Maastricht, édition du 7 au 16 mars 2008
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Tefaf Maastricht

Tefaf Maastricht, Bill Viola, "Isolde´s Ascension"
(The Shape of Light in the Space After Death) 2005, coutesy Haunch of Venison

 
 
En arrivant aux abords de la Mecc (The Masstricht Exhibition and Congress Center), où se situe la foire d'art (à proximité du Bonnefantenmuseum), les voitures de luxe se suivent et nous guident jusqu'au lieu dit de l'évènement, non moins luxueux et impeccablement organisé (voir e.a. The official Tefaf Maastricht guide 2008). Dans un cadre élégant où flotte le parfum des jacinthes et de Coco Chanel, le spectacle est tant sur les cimaises que parmi les distingués visiteurs, plus ou moins connaisseurs.

Près de 220 galeries représentant 17 pays différents sont disposées en rangées ordonnées. Pourtant on s'y enfonce et on s'y perd volontiers car ces allées deviennent vite tentaculaires au fur et à mesure que les œuvres deviennent, elles, de plus en plus spectaculaires. Le bar à champagne n'est pas le seul à nous enivrer. Fondée en 1975, le foire de Maastricht est devenue l'un des rendez-vous incontournables du marché de l'art. L'année précédente, elle a accueilli près de 71 000 visiteurs (et 305 avions privées). D'après le site internet, les ventes ont augmenté de 22,2 billion d'euros en 2002 à 43,3 billion en 2006, soit de 95%.

Les pièces exposées couvrent diverses techniques, provenances et périodes de l'histoire de l'art : de 3000 ans à nos jours. Le jury d'admission, de plus en plus sélectif, est composé de 140 experts internationaux scindés en 18 comités. Ils assurent ainsi l'authenticité et la qualité des œuvres, se rapprochant de celle des musées, disent-ils. Sauf que le parcours n'y est pas flèché comme au musée, nous incitant à chiner et dénicher les perles rares, découvrir des détails inattendus. Ici, tout est mélangé ; curieux cabinet de curiosités d'un temps ancien (voir collection The Snuff Bottle de Robert Hall). La diversité des accrochages et toutes ces galeries côte à côte offrent un réel patchwork stylistiques. Quelquefois il s'agit d'un parti pris, tel la galerie d'Axel Vervoordt, mariant archéologie et contemporain.

Si la foire est d'abord connue pour l'art ancien, un quart seulement de la superficie au sol est consacré à l'art moderne. L'école de Paris y est largement et souvent lourdement représentée par des galeries françaises de la sélection (Galeries Berès, Boulakia, Brame & Lorenceau, Cazeau-Béraudière, Hopkins-Custot), avec toutefois quelques pièces d'exception (Picasso, Le Balcon, dessin, 1901, The Mayor Gallery, exposé à côté d'un Christo de 1963, Wrapped Magazine on a Stool). On retrouve également des dessins de Schiele, de Klimt, des portraits et autoportraits de Giacometti ou des amoureux bleus de Chagall. Certains artistes apparaissent de façon quasi récurente. C'est le cas de Dubuffet, Kees Van Dongen, Appel et autres artistes Cobra à la veille du 60ème anniversaire du mouvement, mais aussi Fontana, Warhol, Chamberlain et Malcom Morley pour les galeries américaines, ou encore Nodle, Geer van Velde et Joseph Albers pour les germanophones.

L'Asie se fait de plus en plus visible au fur et à mesure des années. Annely Juda Fine Art Gallery expose, entre autre, un des artistes encore vivant du mouvement japonais Gutaï, avant-gardiste avant l'heure, en la personne de Shiraga. Il n'y a que très peu, trop peu, d'artistes contemporains. Parmis ceux-ci néanmoins, la belge Berlinde De Bruyckere (Ghent 1964, Galerie Hauser & Wirth). Autres artistes belges présents, Magritte et Broothaers, notamment par la galerie belge Odermatt-Vedovi, à quelques jours seulement de la signature pour l'ouverture en 2009 du Musée Magritte, dans l'hôtel Altenloh, place Royale à Bruxelles. Quelques noms émergents, tel David LaChapelle, représenté par la Galerie Jablonka, Cologne avec des photographies de grands formats aux couleurs saturées, d'une technique parfaite. Et puis le temps s'arrête, la foule s'immobilise et devient muette ne fut-ce que dans son esprit à soi, le temps d'une vidéo, Isolde's Ascension (The Shape of Light in the Space After Death) de Bill Viola (10min30, 2005, Galerie Haunch of Venison).

Et tout ce l'on rate sans le voir, comme tout ce qui nous tourne la tête… Et soudain, dans une telle profusion d'art et de luxe, on remarque au loin, au coeur des stands d'art ancien, les Vanités suspendues.
 
 
Jennifer Beauloye
Maastricht, mars 2008
 
 
www.tefaf.com
Crédit photo pour les Vues du Tefaf : Bastiaan van Musscher et Loraine Bodewes

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