Sorel Cohen, divans maudits

Sorel Cohen, divans

cet érotisme




latent mais




pourtant bien




réel est occulté

Dans son exposition divans maudits, Sorel Cohen nous présente des images de lieux symboliques : des photos représentant des lits et des divans de psychanalyse, montrés sans la patiente, sans le psychanalyste. Ou plutôt des divans vides mais qui laissent transparaître toute la charge émotionnelle qui y est si profondément liée.

Chaque lit a son histoire, son lot d'émotion, son passé qui y restera toujours gravé malgré le temps. A travers ses lits photographiés, Sorel Cohen présente des images de l'absence, dévoilant les restes d'expériences passées et d'émotions vécues. Une frustration, une envie, un désir non assouvi ou un traumatisme: ces photos de divans symbolisent tout le flot de parole qui découlera de ces émotions, les heures de réflexion et de mots pour les expliquer, les cerner, les contourner mais sans jamais les atteindre. Toute la psychanalyse tourne autour de ces chocs sentimentaux profonds et refoulés, de ces manques et de ces besoins : sur ces divans, il s'agit surtout de les mettre à jour, de les dévoiler, de les faire sortir enfin. Ce que Sorel Cohen photographie à travers les divans, ce sont ces émotions enfouies mais centrales au processus psychanalytique.

En explorant les rapports entre l'art, la psychanalyse et l'érotisme, Sorel Cohen dresse le portrait d'un autre émotion voilée : l'érotisme sous-entendu de la relation psychanalytique. L'artiste souligne le lien implicitement érotique entre le psychanalyste et la patiente, la sensualité latente qui s'en dégage. Pendant la thérapie, le désir entre la patiente et le psychanalyste reste sous silence. Tout, dans une analyse est lié à la sexualité : on vient y parler de nos problèmes les plus intimes, se dévoiler, se mettre à nu. On parle allongé sur un lit et tout est histoire de lits, ce qui s'y passe, ou ce qui ne s'y passe pas. Les mises en scène même sont érotiques : la position sur le dos, passive, soumise, de manière à ne pas voir le psychanalyste. Lui est derrière nous, nous voit et nous entend, il nous écoute tenter de résoudre nos problèmes de sexe. C'est ce qui fait de la relation entre un psychanalyste et sa patiente une relation fondamentalement ambiguë : tout évolue autour du sexe mais celui-ci reste tabou. Et cet érotisme latent mais pourtant bien réel est occulté, il existe pourtant, nous dit Sorel Cohen. Il est même normal, ou du moins, aussi normal que l'amour peut l'être.

Assia Kettani
Paris, avril 2003

Sorel Cohen, divans

Centre Culturel Canadien, 5, rue de Constantine, 75007 Paris
tél : 00 33 1 44 43 21 90, du 26 février au 24 mai 2003

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