Le travail de
Pierre Soulages
dégage
une très forte
énergie
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D'Amiens, capitale picarde, à Abbeville, à l'embouchure de la Somme, s'étend une vallée parsemée de magnifiques édifices religieux. On y rencontre de nombreux visiteurs venus de Bruxelles, de Lille, et aussi bien sur, de Paris. La raison en est simple : hormis le charme des vieilles pierres, ces lieux historiques abritent des expositions substantielles.
Certains de ces édifices ne reçoivent malheureusement plus d'artistes, comme l'Abbaye du Gard qui fit une exception pendant quelques jours avec Daniel Levigoureux, mais à contrario, d'autres lieux sont très actifs et beaucoup plus prestigieux dans leur choix comme dans leur volonté de recevoir des visiteurs.
Daniel Levigoureux
Il est ainsi recommandé de visiter le Musée départemental de l'Abbaye de Saint-Riquier pour y découvrir la collection permanente sur la vie rurale et des expositions temporaires. Dans la cour intérieure un groupe d'artistes a travaillé sur le thème des girouettes : "Dans le vent".
Disposées dans les jardins et dans une vaste salle digne de ces grandes sculptures de bois et de bronze. Les oeuvres de Henri-Georges Vidal nous entraînent entre une certaine idée de l'Afrique (l'artiste partage son temps entre la Picardie et le Burkina-Faso, où il rencontre des sculpteurs traditionnels du pays Lobi) et l'univers de la rudesse paysanne, avec une touche évidente à la Brancusi.
A quelques kilomètres, le Prieuré bénédictin d'Airaines, lieu magique, présente tous les ans, sous la houlette de l'association "Présence de l'Art" des figures comme Bazaine, Braque, Ben Bella, Ciry, Dali, Dürrbach, Friedlaender, Gleizes, Jeanclos, Kijno, Kim en Joong, Lur¸a, Manessier, Moretti, Pignon, Picasso, Rouault, Vasarely, Bram van Velde.
Pour sa 23ème saison, vous pourrez découvrir une partie moins connue de l'oeuvre d'un personnage qu'il n'est plus nécessaire de décrire : Pierre Soulages, "le peintre du noir".
Pierre Soulages
Son oeuvre gravée, de 1951 à 1996, présentée de la crypte aux mansardes, nous plonge dans un univers violent et raffiné de matière et de lumière.
Au cours d'un débat, l'artiste a survolé, dans un brillant explicatif, comment il s'oppose à l'idée de ressemblance avec la calligraphie chinoise et les dessins "abstraits" aztèques. Il démontra que nombres de résultats picturaux étaient liés aux contraintes techniques, ce qui n'avait rien à voir avec son propos.
Si dans toute l'histoire des arts, le cadre est souvent immuable, cet étonnant personnage de 80 ans nous démontre le contraire. Ainsi, on assiste à une altération des bords de la gravure qui crée une modulation étonnante de la lumière dans les blancs autour de l'oeuvre.
Le travail de Pierre Soulages dégage une très forte énergie, capte l'attention et nous fait presque oublier la majesté de l'édifice.
Philippe Agea
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