Le Conseil Général des Bouches–du-Rhône organise une manifestation artistique d'une envergure exceptionnelle. Pendant trois mois, 400 sculptures signées des grands noms du XXème siècle investissent sept lieux du département avec sept matériaux différents.

Le public pourra découvrir les plasticiens majeurs de l'art moderne et contemporain provenant de musées français et étrangers, de galeries européennes ou de collections privées, leurs créations voisineront avec celles d'artistes moins connus. Ainsi, éclatera la vitalité de la sculpture, art premier pratiqué par l'homme, art qui a su évoluer, dominer les matériaux et les techniques jusqu'aux plus contemporaines.

Dans la continuité de la politique culturelle menée par le Conseil Général, l'exposition renoue avec son ambition de favoriser l'art monumental en sa région. Cette manifestation, destinée au grand public propose un parcours libre et gratuit, en mettant à la portée de tous la sculpture et l'art en général. Une occasion pour les amateurs éclairés de satisfaire leur passion et pour les néophytes d'y vivre de nouvelles émotions.

Aix-en-Provence, à la galerie d'Art du Conseil Général le Verre naît des techniques qui mêlent le sable et le feu. Il a retrouvé un nouvel attrait de la part des artistes. Il y a trois ans, cet endroit a ouvert ses portes à la création contemporaine du "Cirva". Il est alors apparu logique que le Verre investisse à nouveau les lieux avec des œuvres de Françoise Vergier, Bernard de Jonghe, César, Erik Dietman…

Aubagne, à la Chapelle des Pénitents Noirs, la Terre est la première matière que l'homme a utilisée et le choix de cette ville est apparu évident pour montrer ce que l'union du matériau et du feu peut provoquer. La cité des potiers a depuis longtemps ouvert les portes de ses ateliers à des artistes et l'espace prévu pour cette manifestation engendre des confrontations surprenantes avec des œuvres de Pierre Alechinsky, Karel Appel, Eduardo Chillida…

Arles, au musée de l'Arles et de la Provence Antique, les autres matériaux regroupent des dérivés du pétrole, les résines diverses et autres résultats des technicités nées des laboratoires. La confrontation de réalisations basées sur le produit, mais aussi la lumière et la couleur confondues avec des œuvres nées de l'antiquité doivent surprendre avec des œuvres de Arman, de Chasse-Pot, de Miguel Chevalier…

Marseille, à l'Hôtel du Département, le Bronze a permis à l'homme de pérenniser ses créations, quelles que soient la forme et la taille. La diversité des créations nécessitait un espace polyvalent à l'image de cet Hôtel du Département. L'extérieur pourra accueillir des pièces en plein air ; d'autres, aux patines plus fragiles, seront présentées à l'intérieur, tandis que l'ovoïde servira de "ménagerie" en recevant des sculptures animalières avec des œuvres de Jean Le Moal, Flanagan, Daumier, Camille Claudel…

Saint-Rémy de Provence, au Centre d'Art Présence Van Gogh, le Bois, matériau basique pour tout créateur, reste fragile et vulnérable, sauf à subir un traitement spécifique. Le choix d'un espace précieux et accueillant comme l'Hôtel Estrine s'est alors imposé avec des œuvres de Gaston Chaissac, Pol Bury, Antoni Clavé…

Salon-de-Provence, au Château-Musée de l'Empéri, le Fer contrairement au bronze implique la notion de pièce unique. Il est aussi lié au feu de la forge, aux étincelles de la soudure. Le Musée Militaire renferme des trésors historiques, nés de ces mêmes outils avec des œuvres de Calder, Gilioli, Picasso, Takis…

Vitrolles, au Domaine de Fontblanche, la Pierre est pour tout sculpteur le matériau noble qui n'autorise pas l'erreur et nécessite, pour être maîtrisé, des outils que le Fer procure. Le choix de cet endroit dans un environnement naturel moins polissé, permet aux marbres, granits et autres pierres sculptées un espace approprié.

"La sculpture dans tous ses états" serait le titre le plus juste pour qualifier ce rassemblement d'œuvres en trois dimensions éclatées sur sept sites du département des Bouches du Rhône. Superbe balade à faire qui sort de l'ordinaire.

Elisabeth Petibon
Paris, decembre 2003