Une vingtaine d'expositions préséntées dans le cadre du mois de la photo à Montréal explorent la relation entre l'art et le photojournalisme : Comment la photographie parvient-elle à rendre compte de la réalité ? Quel regard les artistes proposent-ils pour tenter de dépasser la vision du monde présentée par les médias de masse? Parmi les différentes réponses apportées à ces questions, les photographies de Paul Seawright apportent une alternative à la vision parfois restreinte imposée par les médias de masse.

Dans sa série Hidden, présentée jusqu'au 2 novembre à l'espace Vox, ses images de l'Afghanistan prises après la chute des Talibans sont un écho troublant, étrange et déstabilisant aux images de la guerre telles que nous les avons connues à travers la presse. Refusant tout sensationnalisme, ses photographies grand format nous livrent "l'après-guerre" dans ce que celui-ci a de plus dénudé et donnent à réfléchir sur ce qui reste derrière lorsque les projecteurs et les caméras ont quitté le pays pour aller se braquer ailleurs, laissant le pays oublié des médias mais lourdement miné, détruit, et ravagé.

Derrière ces paysages meurtris, Paul Seawright photographie les séquelles laissées par la guerre, une violence latente qui transparait à travers des pièces vides, des immeubles détruits et des routes désertes desquelles on ressent l'absence, le vide et le silence. Ainsi, le travail de Paul Seawright se développe en marge de l'industrie médiatique et contribue à interroger le rapport engagé entre l'art et la réalité. Professeur de photographie à l'université de Wales, Newport et originaire de Belfast, il avait précédemment photographié l'Irlande, avant de porter son attention vers d'autres cibles de violences médiatisées.

Assia Kettani
Montréal, octobre 2003