Charles Sandison
 
 
obsucurité

"bibles"

kinétiques

Charles Sandison
 
Sandison, Baronian_Francey
 
 
Dans l'obsucurité totale, l'espace de la Galerie Baronian_Francey expose des œuvres de l'artiste finlandais d'origine écossaise Charles Sandison (né en 1968). Ses projections présentent des images composées de mots et de chiffres en mouvement perpétuel. Ces éléments sont issus des "bibles" de la culture européenne, allant de la Bible protestante du roi James, en passant par le Manifeste communiste (K. Marx et F. Engels) et l'Origine des Espèces de C. Darwin, pour terminer par la bible biologique contemporaine : le genôme humain.

Déconstruites et recomposées en éléments numériques, ces sources reprennent vie sous forme de fictions. L'action d'écrire, les aléas des rencontres entre éléments mâles et éléments femelles ou d'autres processus créateurs et destructeurs en même temps, en constituent les composants visuels. Les titres des cinq œuvres qui nous sont proposées évoquent, vraisemblablement sans aucune ironie, la recherche humaine de l'absolu : "In the Beginning", "First Breath", "Conclusion", "Manifesto", "Proof".
 
 
Sandison, good and evil
 
Sandison, good and evil
 
 
Charles Sandison fait partie de cette génération d'artistes qui a grandi avec la technologie numérique dès les débuts de sa démocratisation. Le fonctionnement de l'ordinateur lui est familier bien avant qu'il apprenne les méthodes de peinture au Beaux-Arts d'Edimbourg. Ayant échangé son Ecosse natale pour la Finlande, où règnent à la fois l'immensité de la nature et les technologies de pointe, il finit par créer un langage visuel rassemblant ses sources artistiques et sa culture manifestement nordique.

Il est l'un des quelques artistes ayant développé l'exemple de Jenny Holzer en construisant, sur les bases informatiques, des manières de nous parler sous forme de textes kinétiques. Holzer aliène le regard en nous faisant tarder sur des textes illuminés et déroulants, aux contenus autres que ceux linéaires et passagers des nouvelles du jour. Si les supports "sculpturaux" de cette artiste ne cessent de rappeler le mobilier urbain, Sandison nous met à l'abri des bruits de la ville et nous immerge dans la création même de textes qui sont aussi menteurs que l'image est vraie.
 
 
Sandison, living room Manchester
 
Sandison, living room Manchester
 
 
Composés d'algorithmes générant des faisceaux lumineux, les travaux semblent quasiment immatériels. Existant seulement sous forme de projections sur les murs pour la durée de l'exposition, ils "agissent" au milieu d'une obscurité silencieuse qui "est" : une sorte d'inversion du "white space" moderniste. L'image globale, toujours en devenir, se compose de mots ou de chiffres effectuant de petits déplacements à différents niveaux de vitesse ; ceux-ci se chevauchent avec les déplacements du spectateur devant une œuvre et d'une œuvre à l'autre. Piégée dans ce croisement muet de ralentissements et d'accélérations à tous niveaux, notre vision devient une expérience à la fois corporelle et spirituelle.
Adriaan Himmelreich
Bruxelles, novembre 2005
 
 
Sandison, conclusion
 
Sandison, conclusion

Galerie Baronian_Francey, rue de la Concorde, Bruxelles, du 3 novembre au 22 décembre, www.baronianfrancey.com

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