Images déroutantes, émouvantes, scandaleuse, mais… Qu'est-ce qui interdit à des artistes de se manifester en tant que témoins de leur temps ? Citoyen avisé, l'artiste a non seulement le droit, mais le devoir de contempler le monde dans lequel il vit, mais aussi de rendre ce regard inquisateur, poser des questions sur la société, poser des questions et, pourquoi pas esquisser des solutions. Il est un citoyen privilègié.

Mais cela n'est pas un travail d'artiste. Il ne fait qu'ajouter sa vision à celle d'autres qui exercent bien d'autres fonctions dans la société.
De cette évidence vient toute l'ambiguité que certains curateurs de musées et de lieux d'art se plaisent à exploiter. Dominique Abensour et Hervé Thoby, les commissaires de "l"exposition" en cours au Quartier de Quimper, admettent que ces "artistes … assument une fonction documentaire". Ils utiliseraient un media pour en influencer le public grâce à "l'action réflexive de l'image". Nous retrouvons dans ces propos, voir la démarche, celle que d'autres, en d' autres temps et d'autres lieux, ont exploité avec génie. J'ai lancé le mot : propagande politique.

A ce petit jeu, nombre d'artistes, pourrait-on dire de vrais artistes, se sont brûlés. Qui se penche encore sur les oeuvres des réalistes révolutionnaires soviétiques, voir nazis. Tout au plus y retrouve-t-on pour certains la nostalgie d'un temps passé, d'une aspiration déçue et pour d'autres un simple témoignage historique.

Au Quartier nous avons donc l'opportunité de visonner les films video de "témoins" ou manipulés, venus d'horisons aussi différants que la Suisse, le Liban, l'Iran, la France, la Hollande ou l'Albanie. Ils ont ciblé leur camera sur des sujets qui, tous, reflètent la misère d'un monde en soufrance. Les images sont déroutantes, parfois émouvantes ou scandaleuses. Mais apportent-ils autre chose que nombre de reporters journalistes dont les images, pas toujours intrumentalisées comme le proclament trop souvent les "témoins", sont des sommets de technicité et de professionalisme, au service de l'information.

Bernard Blum
Bretagne, novembre 2003