L'abstraction selon Serge Poliakoff, exporevue, magazine, art vivant et actualité
L'abstraction selon Serge Poliakoff

instaurer

une poétique












multiples voies












recherches constantes












l'énigme

de la visibilité












occuper l’espace

sereinement












pureté visuelle

L'exposition rétrospective du musée des Beaux-Arts de Dunkerque propose de suivre l’évolution du travail du peintre Serge Poliakoff (1900-1969) d’origine russe, installé définitivement à Paris en 1938. Un excellent accrochage qui modifie l’image stéréotypée de sa peinture que l’on prétend trop souvent résumer "en simples termes de géométrie bancale et de chromatisme subtil" !  Ses 70 œuvres présentées sont réunies pour instaurer une poétique entre elles et les spectateurs.

Poliakoff a pratiqué une certaine figuration employant une schématisation volontaire des sujets jusqu’en 1945 ("Danse russe", 1936) qui annonce déjà une transition vers l'abstraction. Puis, dès 1937, ce sont les premiers essais abstraits qui révèlent l’indécision des multiples voies offertes par ce mouvement. Ses toiles sont alors les témoins des recherches constantes et discrètes du peintre : "Qu’on ne s’attende pas chez Poliakoff des demi-mesures, un art semi-abstrait, du non-figuratif figurant sans figurer. Il s’agit d’un esprit sérieux, tout entier dirigé vers ce rêve des formes en soi qui est le grand mystère à élucider de l’abstrait" (Pierre Guéguen, critique d’art, 1950).

Serge Poliakoff

Serge Poliakoff, composition orange et cyclame

Ses rencontres avec Kandinsky, Delaunay et Freundlich qui, chacun à leur manière, lui apportent théorie, conseils, et pratique, persuadent enfin Poliakoff qu’il est possible de concevoir une peinture abstraite comme une démarche engageant l’individu et sa pensée. Si Kandinsky exalte les potentialités lyriques de ses éléments cellulaires et si Delaunay explore des possibilités chromatiques nouvelles, c'est en élaborant un espace spécifiquement pictural mêlant des formes et des matières-couleurs qui les génèrent, que Poliakoff redéfinit "l'abstraction comme capacité à réfléchir l'énigme de la visibilité"(Monographie sur Serge Polaikoff de Gérard Durozoi, aux éditions Expressions Contemporaines, Angers, 2001).

Serge Poliakoff

Serge Poliakoff, forme

Sa peinture devient méditative, intériorisée, silencieuse. L’artiste se libère du système des lignes ("Composition aux traits", 1948) pour affirmer son art : surfaces presque monochromes où domine une seule couleur dégradée, arrivant à faire vibrer la toile entière ("Composition abstraite", 1954, "Composition gris-bleu", 1962), imbrications de figures structurées (« Composition abstraite », 1967) jusqu’aux formes uniques qui suffisent à occuper l’espace sereinement ("Forme", 1968). On parle encore justement de « l’abstraction selon Poliakoff », ni lyrique, ni géométrique, ni gestuelle, qui aboutit seulement à une pureté visuelle. "Ce qu'annonce chaque toile de Poliakoff, ce qu'elle fait comprendre au regard, c'est que l'espace est en nous au même titre qu'il est en dehors de nous" (monographie sur Serge Polaikoff de Gérard Durozoi, aux éditions Expressions Contemporaines, Angers, 2001)

Muriel Carbonnet-Caumes
Paris, mars 2002

Au Musée des Beaux-Arts de Dunkerque : « Serge Poliakoff : Rétrospective 1937-1969 », place du Général de Gaulle, tél. : 03 28 59 21 65

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