LE NEW YORK PHOTO FESTIVAL :
Un nouveau rendez-vous incourtournable de la photographie contemporaine
New York Photo Festival
New York Photo Festival
New York Photo Festival
New York Photo Festival
New York Photo Festival
New York Photo Festival
New York Photo Festival
New York Photo Festival
New York Photo Festival
New York Photo Festival
New York Photo Festival
New York Photo Festival
 

New York Photo Festival

Dans le quartier du New York Photo Festival

 
 
Après Arles, Perpignan, Madrid, la ville de New York, ayant inspiré et abrité les photographes les plus influents, méritait son festival dédié à la photographie. Ce printemps a eu lieu la première édition du New York Photo Festival, du 14 au 18 Mai, sous le pont de Brooklyn, dans plusieurs entrepôts et espaces mitoyens autour du siège de la maison d'édition, librairie et galerie powerHouse, co-fondatrice du festival. Daniel Powers, directeur et fondateur de powerHouse books a eu l'idée avec Frank Evers, ancien directeur de l'agence photo VII, de créer cet événement célébrant la photographie contemporaine. Se situant au-delà du développement des foires commerciales, le New York Photo Festival a pour objectif de dresser un portrait actuel mais aussi futur de la photographie contemporaine, un projet assez ambitieux voire quasi impossible. Comment peut-on prévoir ce que la photographie nous réserve vu la rapidité de son évolution ? Les propositions émises par des commissaires invités reflètent bien les tendances actuelles du medium et, pour le futur, l'avenir nous le dira.

Martin Parr, photographe Magnum que l'on ne présente plus, nous propose quelques pistes avec New Typologies pour tenter de définir un monde contemporain homogéneisé dont les codes sont désormais brouillés. Le duo d'artistes hollandais, WassinkLundgren, nous présente le livre Empty Bottles (Prix du Livre des Rencontres d'Arles, 2007). Sur un fond de paysage urbain extrêmement bien ordonné à Shangai et à Pékin, les artistes ont malicieusement déposé des éléments parasites dans les rues : des bouteilles d'eau vides, que les passants ont le réflexe de ramasser pour le recyclage dans un pays où le service public est peu développé. En Argentine, Ananké Asseff documente une nouvelle tendance de la classe moyenne de son pays, qui s'arme pour protéger ses biens. Chaque individu, un homme ou une femme comme vous et moi, est photographié avec son arme chez lui, révélant un sentiment d'étrangeté, comme s'il ne réalisait pas vraiment la gravité de cet achat. Jeffrey Milstein nous montre les surprenantes différences d'esthétisme et de coloris entre les trains d'atterrissage d'avions de différentes compagnies. Un autre projet documentaire du photographe hollandais Jan Banning compare et souligne à travers ses textes et ses images les différences de conditions de vie des fonctionnaires administratifs au Yémen, en Russie, en Bolivie et en France. A travers un parcours plus poétique, le photographe québécois Michel Campeau nous ouvre les portes de diverses chambres noires dans le monde entier. L'abstraction de ses images nous rappelle avec nostalgie la disparition des chambres noires et dématérialise ses constituants en des typologies autonomes.

The Ubiquitous Image (L'image omniprésente), titre du pavillon de Lesley Martin, directrice des publications de la Fondation Aperture, révèle un monde plus que jamais envahi par l'image dont la reproduction conditionne notre approche de la réalité. Tout au long du XXe siècle, plusieurs artistes ont déclaré que le monde étant rempli d'images, toute création devenait vaine, c'est le cas de Joachim Schmid qui créa en 1990 un institut pour le recyclage des images trouvées. Ce processus mis en marche depuis le début du siècle avec les collages et les réappropriations d'artistes dans les années 1970-1980, est renforcé par un développement actuel des technologies de reproduction et de diffusion immédiates. L'artiste américain Harrell Fletcher reproduit sur place les photos de notre quotidien, celles de notre portefeuille par exemple, puis les imprime en grand format et les expose chaque jour. La fresque de Penelope Umbrico composée d'images de couchers de soleil prises sur l'album de partage en ligne Flickr et reproduites dans un format photographique standard, montre que le coucher de soleil est devenu un thème tellement banal en photographie qu'en réalité, on ne peut plus les apprécier sans penser à leur côté photographique ou photogénique comme l'expliquait Susan Sontag. Le photographe américain Curtis Mann, quant à lui modifie les images qu'il trouve en ligne sur Flickr, Ebay ou à partir d'autres sources, en blanchissant l'image photographique et en repeignant par-dessus. Ces photographies prises dans des pays étrangers, souvent en conflit, comme Israël, la Palestine, le Liban, l'Iraq ou l'Algérie, suggèrent alors différentes narrations plus abstraites et poétiques, telle une version édulcorée de la réalité. Hank Willis Thomas, jeune photographe américain, modifie lui aussi l'image publicitaire pour en révéler les codes sous-jacents. Il a choisi des publicités impliquant des sujets afro-américains des années 1960 à nos jours. Ayant supprimé tout le message publicitaire, il reste une vision de la réalité aussi bien fidèle que réduite et terrifiante sur les problèmes de discrimination bien ancrés dans nos mentalités.

Kathy Ryan, rédactrice en chef de la photographie au New York Times Magazine, dont les choix éditoriaux ont été récompensés par de nombreux prix internationaux comme Visa pour l'image, a été l'une des pionnières à présenter des projets mêlant art et photojournalisme. Ryan nous propose avec Chisel (Burin) une réflexion sur l'abstraction en photographie, valorisant son aspect plastique, se frottant aux domaines de la peinture et de la sculpture. Les gros plans du photographe français Raphaël Dallaporta, de cerveaux, cœurs et estomacs conservés par la médecine, sont accompagnés d'un texte décrivant les causes de la mort de l'individu : naturelle, suicide, maladie ou accident. Ces images sont à la croisée du cliché médical et artistique, et d'une expérience visuelle et tactile pour le regardeur. Entre photographie documentaire et conceptuelle, l'artiste Suédois Lars Tunbjork crée des sculptures du quotidien remplies d'humour, à l'aide d'images aux couleurs saturées. Roger Ballen, artiste américain vivant depuis une trentaine d'années en Afrique du Sud, lui présente des images en noir et blanc. Il s'est d'abord intéressé à la vie rurale de ce pays et de ses habitants. Rapidement, son travail documentaire a glissé vers le domaine de la fiction. Ses mises en scènes, sur les interactions entre l'homme, les animaux et divers objets, placent son travail photographique entre peinture et sculpture. Cette exposition montre les similarités entre les démarches plastiques d'un peintre et d'un photographe. Kathy Ryan nous montre qu'un courant de la photographie contemporaine poursuit les recherches des avant-gardes du début du siècle, des ready-mades de Duchamp aux assemblages de Picasso.

Tim Barber, commissaire indépendant, photographe et fondateur de la galerie en ligne, Tinyvices.com, présente une version tridimensionnelle de son site sur les murs de son pavillon. Le site de Tim Barber est un lieu de découverte et de tremplin pour de nombreux artistes avec jusqu'à 40.000 visiteurs par jour, et son pavillon au festival Various Photographs (Photographies Variées) reprend le titre d'une section de son site où il mêle un ensemble disparate d'images. Ici, sur les murs du pavillon, un flot d'images semble disposé de manière aléatoire. Tim Barber cherche à faire évoluer une même image au sein de plusieurs contextes et à créer des scénarios différents entre ces images. Son site a permis de propulser un grand nombre d'artistes, comme le photographe américain Ryan McGinley, le plus jeune photographe a avoir eu une exposition individuelle au Withney Museum of Art de New-York à 24 ans. Il documente son entourage, sa vie underground de bohême à travers des portraits de graffeurs, de skateboarders, et de musiciens dans l'esprit de Nan Goldin et de Wolfgang Tillmans. D'autres artistes comme Richard Kern, Jaimie Warren ou Peter Sutherland font partie de sa galerie virtuelle dont une exposition physique a voyagé à travers le monde, incluant une étape à la galerie du magasin Colette à Paris en 2007. Une sélection de cinq artistes donnera lieu à l'automne 2008 aux cinq premiers volumes de la collection de livres Tiny Vices publiée par Aperture.

D'autres expositions satellites ont eu lieu dans divers espaces voisins comme celle sur le portrait organisée par le fonds photographique Getty Images, ou celle du magazine et galerie Néerlandais Foam qui exposait ses artistes. L'exposition The Singled Person nous entraînait au sous-sol d'un restaurant plongé dans le noir avec des projecteurs faisant défiler les images de six photographes allemands ; ces images du quotidien dialoguaient entre elles au rythme sonore du passage à la prochaine diapositive.
Côté théorie, le festival proposait des conférences avec les artistes exposants, les commissaires ainsi que des discussions sur la photographie contemporaine ou sur des thèmes variés comme le commissariat en ligne ou le photojournalisme en Iraq. Enfin la liste ne serait pas complète sans le prix du New York Photo Festival qui a récompensé les travaux de photographes émergents, professionnels et étudiants.

Cette première édition a réuni une communauté internationale de professionnels et d'amateurs de la photographie bien vivante et même vibrante. La preuve en est : la deuxième édition est prévue l'année prochaine, to be continued…
 
Yseult Chehata
New York, août 2008
 
 
Pour plus d'information, vous pouvez consulter le site du festival : www.nyphotofestival.com où une animation 3D fait revivre le festival aux absents. L'internaute peut naviguer sur les lieux du festival, voir et entendre les différents acteurs et aussi découvrir les œuvres exposées.

accueil     art vivant     édito     écrits     questions     archives     Imprimer     haut de page