A chaque Dr Jeckill son Mister Hyde… un travail artistique sur le processus littéraire, sur l'exercice narratif… |
Il était une fois… Il suffit de cet incipit pour que se déploit en vous un ensemble de données. Une histoire va être racontée, un conte va vous conduire à mettre la réalité en sommeil ; il comprendra des règles, des normes dont la première est (nous nous y laissons facilement prendre ) "ce que l'on nous dit n'est pas la réalité". Rien de telle qu'une trame narrative pour capter l'attention. "Raconte moi une histoire". Qu'en est-il pour l'autobiographie, ce difficile exercice, ruban de moebus écrit, censé vous donner la moelle de sa propre vie ? En parallèle, depuis les années 1970, un mouvement littéraire va se créer, appelé l'autofiction. Il s'agit de sa propre biographie à laquelle l'ajout du terme fiction met en lumière la trame inconsciente qui travaille tout exercice d'écriture ; Hervé Guibert, Michel Zumkir, Guillaume Dustan, Nicolas Pages… voilà pour un court "name dropping" indicatif. Christophe Donner montre, entre autres, l'ambiguïté ainsi que la richesse de l'exercice dans "Contre l'imagination". Marc Wietzman se moque avec talent du procédé avec "Chaos". Ça a le gout de…, la couleur de…, mais cela n'est pas ce que l'on croit. A chaque Dr Jeckill son Mister Hyde.
Dans la chambre, face au lit, une projection sur le mur montre une jeune femme allongée, aux postures et aux discours aguicheurs, celle dont il est fou amoureux d'après la vidéo.
Alors, il ne s'agit pas d'inscrire ce travail dans la longue tradition des écrits sur l'art par les artistes eux-mêmes. Nous ne mettons pas en place, non plus, de rapprochement avec le travail de Valérie Mrjen à la fois plastique et d'écriture. S'il est une trame, Peter Kingstone s'inscrirait presque dans le débat sur l'essence de l'écriture, Proust contre Saint Beuve. Pas d'écrits sur l'art, mais un travail artistique sur le processus littéraire, sur l'exercice narratif. La part puisée dans l'expérience, la part du faux, celle empruntée à la vie des autres… Car Peter K. n'est pas Peter Kingstone, c'est le paradigme que l'on nous demande d'accepter au départ. Mais qui chante faux dans cette vidéo ? A qui appartient ce corp nu ? Le même, oui, et alors les deux Peter ne sont qu'un. La part de l'universel, les souhaits des parents, les aspirations futures, la découverte de sa sexualité, celle du "basement" (sous-sol) ou celle de la chambre à "donner" (chambre pour invités) ? Parfois cela concorde, parfois la différence du départ n'est qu'asynchronie. Et à notre tour, nous lançons la dynamique, émulation, dégoût, quel masque arbore-t-on ? et ce, avec ou sans prétention.
|
"The strange case of Peter K. (1974-2004)" Peter Kingstone
du 10 au 25 avril 2004, les vendredi et Week end.
195. bellwoods Avenue, north of Dundas st. West.
D'autres informations dans le GuideAgenda
Imprimer l'article
exporevue accueil Art Vivant édito Ecrits Questions 2001 2000 1999 thémes haut de page