apparition
disparition
réapparition
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Par ses jeux sur la mémoire et le temps, la temporalité du regard et du mouvement, on serait prêt à se lancer dans une réflexion philosophique sur la disparition, et puis soudain tout réapparaît en boucle avec une autre histoire qui raconte autre chose tout en dévoilant le même processus, ceci particulièrement pour la plus grande pièce dans le grand hall du Centre d'art et de culture de Meudon.
Vous entrez dans une pièce de quatorze mètres sur quatre avec un dispositif de projection monté sur rail et imprimant momentanément une suite d'images sur le mur d'en face recouvert d'une surface phosphorescente. Une image s'imprime, l'image suivante s'imprime alors que la précédente s'efface, etc. sur toute la longueur du mur aller et retour. Puis une autre histoire repart avec le même système et ce, huit fois de suite pour huit histoires apparemment différentes, puis retour en boucle à l'histoire n° 1, et ainsi de suite avec surimpression d'un palindrome en latin, le tout fascinant quelle que soit l'histoire. Fascinant par l'effet apparition/disparition/réapparition, phénomène enchâssé dans le processus lumineux du jour, du crépuscule, de la nuit, de l'aurore, du jour…
Au bout de cette installation, se trouve une petite pièce carrée avec deux "cônes" perpendiculaires à deux murs en vis-à-vis, cônes se terminant par une loupe sur laquelle est projetée de l'intérieur du cône un petit film de paysage, dont l'image se déplace sur la loupe selon la position de votre regard.
De retour dans le grand hall du Centre, des paraboles fixées au plafond renvoient vers le sol une lecture des textes de l'artiste, seulement si votre position dans l'espace rencontre le faisceau de projection du son.
A l'autre extrémité du centre, de très petits personnages (5mm de hauteur) posés sur de petites plaques réfrigérantes se trouvent au fil du temps de l'exposition recouverts du givre constitué par la vapeur d'eau du souffle des visiteurs.
Nouvelle réflexion sur le temps (d'une glaciation) puis retour dans le grand hall d'entrée et là, sur la gauche, de grandes vitrines-tables totalement vides posent une autre question. Puis le regard se détourne et arrive sous les gradins où un chantier archéologique (réalisé en cours d'exposition) révèle la véritable cousine de Lucie ou du moins de son squelette, avec certificat d'authenticité.
Le travail de Pascal Frament pose de vraies questions sur le déplacement du mouvement et la temporalité du déplacement, sur le plein et le vide, diraient les asiatiques, sur l'origine et même sur la renaissance, sur cette mémoire sans cesse en action que représente la trace.
Un travail à suivre de près, "à la trace", et à encourager.
Jacques-Robert de la Meilleraye Meudon, mars 2005
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