la somme de tous les livres

Claudio Parmiggiani, photo Pierre Wachholder     Les Brigittines, ce lieu bruxellois peu ordinaire dont nous avons déjà parlé à propos de Pierre Radisic, offre de nouveau son "cœur" à une installation pour le moins étonnant de Claudio Parmiggiani. Il y a préparé un "autodafé" inhabituel dans un espace aujourd'hui devenu profane : 40 000 livres s'élevant vers le très haut plafond ont subi un incendie contrôlé comme une tentative de destruction de livres sacrés ou de la somme de tous les livres. Cet élan vers le ciel dans tous les sens du terme nous évoque aussi la mythique Tour de Babel autre synthèse symbolique de l'humanité se servant de la connaissance comme échelle pour aller au delà des nuages. On pourrait écrire tout un "livre" sur cette œuvre impressionnante et sur son intemporalité tout en restant conscient que ce sont les pires êtres dans les pires moments de l'histoire qui brûlèrent ces mêmes livres.       Claudio Parmiggiani, photo Philippe Agéa     De ces "delocazioni" habituelles, empreintes fantômes de poussière et de suie mettant en exergue l'absence, le plasticien est passé à une installation-sculpture composée d'un empilement d'ouvrages, référence au «savoir», cette même connaissance qui nous a valu d'être bannis du paradis judéo-chrétien, au sein du "spirituel", la chapelle, avec une forme qui pousse la "symbolique" au tréfonds de l'inconscient collectif avec les mêmes formes d'empilements, artefacts de pierres : le Chörten tibétain, le Stupa indien ou la Pyramide du Yucatán. La cloche est muette, le sablier est arrêté. Les livres sont fermés, leur contenu est occulté, leur reliure et leur tranche consumées (du moins sur tous ceux de la partie basse, la première "marche"); ce n'est plus une absence de l'objet (livres, bouteilles), de l'animal (papillons) ou de personnage, mais là une occultation du contenu et le commencement de la destruction du contenant, figées dans la durée, une espèce de "snap shot" en volume. Puis l'extrême masse de la culture s'installe pour des millénaires dans une surdité totale… L'Isola del Silenzio… Philippe Agéa Bruxelles, février 2006     Claudio Parmiggiani, photo Pierre Wachholder

Claudio Parmiggiani, L'Isola del Silenzio, 26 Janvier au 19 Mars 2006,  www.brigittines.be
Chapelle des Brigittines, Petite rue des Brigittines, 1000 Bruxelles, tél : +32 2 506 43 00
entrée Libre, mardi au vendredi de 17h à 21h30, le samedi et le dimanche de 10h à 15h
Un ouvrage avec des textes de Jean-Luc Nancy et d'Elena La Spina sera publié à cette occasion
Production Brigittines en collaboration avec la galerie Pascal Retelet tél : +32 2 511 92 56  www.pascalretelet.be
Claudio Parmiggiani à Toulon

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