Parade recommence son histoire, un nouvel épisode marqué par la refonte du magazine par Sophie et Philippe Millot
les pages sont scellées les unes aux autres par une découpe à moitié achevée… |
couverture de Parade n°5
Mais qu'est-ce une histoire, à part quelque chose qui ne se boucle pas ? Elle nous prend tour à tour sous son aile, nous alpague sans que nous sachions pourquoi, nous laissant même quelques fois sur le bas côté de la route… elle peut continuer de vivre sans nous, sans acteurs, autre part. Ici, les acteurs sont invités à prendre place à tour de rôle, ils répètent quelque chose, pas l'histoire. Les acteurs dominent les scénarios, les font naître, mourir… jusqu'à nous offrir ici, en une représentation un "nous" plus fort que la peur cumulée de deux "je". Le portrait, nous est proposé, nous poussant à ramener à la compréhension générale une connaissance nouvelle à ce que nous connaissons déjà : le passage d'un état à un autre, des scènes avant apparition et disparition. Questionnant la lente hésitation à passer de "je" à "l'autre". Des niveaux de représentation à la notion même de représentativité. Au premier touché. Dès les premières pages la question se pose sur la capacité à léguer quoi que se soit. Les pages sont scellées les unes aux autres par une découpe à moitié achevée, connotant ainsi de la connaissance et de l'humour des graphistes, cet objet nous demande de nous mettre en phase avec lui.
Patience, méticulosité, jeu et surprise composent l'aura que nous rencontrons dès la première prise en main. Un caractère initiatique enrobe le magazine : tout d'abord la danse hypnotisante d'un boxeur, rodant autour de nous, attendant infatiguablement le moment de nous donner le coup de grâce, l'upercut. L'accumulation des lettres à former le nom de son géniteur, est comme le compte à rebours déjà enclenché des dernières secondes face à ce que nous appelions la réalité. Puis, comme il a été dit, seule l'aide d'un objet tranchant nous permet d'avoir accès à la totalité des informations, prises au piège de leur virginité. Puis par maladresse ou par hésitation l'accident arrive, une page se déchire laissant cohabiter ainsi des idées et des formes qui ne partageaient que trop peu entre elles. Constitué de trois types de papiers, d'une reliure apparente au fil d'or, de trois typographies et d'une mise en page efficace, Parade nous propose une déambulation rythmée et axée sur une dialectique particulière : entre apaisement du regard et éveil de l'œil. Une grille renouvelée sans être destructurée, l'apparition lumineuse de la reliure, au moment où le systématique allait prendre le pas sur notre envie d'émerveillement, se lient avec le titrage à la surprise ou à l'accident. Par une parenté évidente au magazine Sofa, le texte joue avec sa propre structure, les justifications et les fers s'imposent dans un effet de style liant norme et détournement. Les maigres défauts que l'on pourrait lui trouver ne serait pas honnête car vraiment peu de magazine peuvent prétendre avoir cette justesse, cette générosité, cet humour et un graphisme aussi fluide, quasi invisible, ce qui est en réalité un grand compliment.
Dos de Parade n°5
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