Le deuxième festival annuel "Photos & légendes" de Pantin, propose de parcourir certains lieux ou institutions de la ville au détour du thème du merveilleux et à travers les propositions artistiques de sept artistes aussi reconnus qu'Istvan Balogh, Corinne Mercadier, Patrick Corillon, Pierre Sabatier… et autres à découvrir avec intérêt.
Le merveilleux est ici subrepticement distillé au gré de phtographies, d'installations, d'objets |
© Istvan Balogh
Pour la deuxième édition du festival annuel "Photos & légendes", Hervé Rabot, directeur artistique de la manifestation a choisi le thème du merveilleux pour programmer dans plusieurs lieux de la ville de Pantin, différentes propositions artistiques. De Corinne Mercadier à Arnaud Martin, de Pierre Savatier à Patrick Corillon, d'Istvan Balogh à Arnold Pasquier ou Didier Courbot et Didier Fontan, on peut au fil des déambulations dans les lieux accueillants les œuvres, retrouver la photographie comme mode d'expression privilégié, même si vidéo expérimentale ou installation ponctuent nos découvertes. Hervé Rabot, est lui-même photographe, représenté à Paris par la galerie Michèle Chomette, directeur du Pavillon, école municipale des Beaux-Arts de Pantin, commissaire d'exposition (Mai de le photographie de Reims 1996)… et donc enclin à interroger le merveilleux sous le double titre de regard mais aussi de posture face au quotidien, aussi ténu soit-il. Ainsi, sommes-nous loin ici des grandiloquentes aventures de certains artistes qui voudraient nous faire entrer dans le merveilleux à coup de flashs, de couleurs fluos ou de fictions plus monstrueuses qu'improbables. Le merveilleux est ici subrepticement distillé au gré de phtographies, d'installations, d'objets qui nous disent, parfois même mélancoliquement, ce qui dans l'habituel s'y fait ou y est fait à condition qu'on y porte attention.
© Patrick Corillon. Galerie In Situ, Fabienne Leclerc
Ainsi, la dernière série photographique en noir et blanc de Corinne Mercadier nous permet-elle de regarder "A longue distance" le monde le plus proche, celui qui semble si loin de nous lorsque le vent de l'océan balaie les côtes du Finistère. Mais, c'est aussi l'infime révélé par la technique du photogramme qui peut à l'instar de la mini rétrospective de Pierre Savatier exposée au "Pavillon", nous rappeler qu'il n'est pas besoin du spectaculaire pour découvrir le merveilleux. Travail sur la matière de l'image photographique conjuguée toujours fort justement par Patrick Corillon à l'image mentale qui jaillit du texte avant même que l'on puisse en extraire le sens. Ses pupitres hybrides (livre ouvert comme animé entre texte et photo) exposés à la bibliothèque municipale font le pendant à ses histoires naturelles fictives, greffées sur les plantes et arbres du Jardin d'hiver. Le merveilleux est là, prêt à jaillir, des mots aussi bien que de la nature. Reste à nous donner le temps de s'y immerger. Question qui se pose plus conceptuellement face aux grandes photographies transparentes d'Istvan Balogh, tapissant les vitrages du cinéma 104, et interrogeant le passage toujours subtil car en fait politique de l'histoire individuelle vers son implication politique.
© Arnaud Martin
Le merveilleux ainsi objet-critique dans sa simplicité quasi artisanale mais oh combien efficace, de l'installation lumineuse d'Arnaud Martin. Comme un engin lunaire posé au milieu de la salle plongée dans le noir du centre de loisirs Les Gavroches, des palettes de chantier construisent un immeuble de cité scintillant de couleurs féériques que les silhouettes clignotantes de petites bouteilles en plastiques bleu, jaune, verte ou rouge animent. Les déchets peuvent aussi avoir leur part de merveilleux dès que l'imaginaire s'en empare pour les détourner de leur fonction utilitaire. Et lorsque les immeubles d'un carrefour sont étirées par le panoramique de Didier Fontan il ne nous reste plus qu'à nous laisser guider vers ses chemins en étoile. Simplicité de la forme pour laisser le temps au regard de trouver seul sa part de merveilleux. Ce qui peut être la critique en fait d'un travail subtil et intelligent proposé aux habitants une petite dizaine de jours. Tant d'investissement pour courir le risque toutefois de ne pas leur laisser le temps de la découverte. Mais gageons que cet art en situation qui s'offre à tous et toutes trouvent dans le regard des promeneurs curieux, ce temps de surprise et de rencontre, où le merveilleux peut tout aussi s'éprouver dans l'investissement que l'on accorde simplement aux gens et aux choses – ce que montrent à merveille les œuvres ici et là exposées.
© Pierre Savatier. Galerie Jean Brolly
© Corinne Mercadier. Galerie Les filles du calvaire
|
Festival "Photos & légendes" à Pantin (93), du 3 au 10 novembre 2005 et du 3 novembre 2005 au 3 février 2006, tél. : +33 (0)1 49 15 41 79
Lieux : Le Pavillon, Bibliothèques, Centre de loisirs Les Gavroches, Centre National de la Danse, Ciné 104, Jardin d'hiver, Maison de quartier des Quatre-Chemins
accueil Art Vivant édito Ecrits Questions Imprimer haut de page