Olivier Mériel, photographe de l'esprit : Le Havre ou la grâce
 
 
Le Havre, ville ouverte sur le temps et l'histoire ? le centre-ville reconstruit par Auguste Perret vient d'être classé par l'Unesco. Le Havre, ville ouverte sur la terre et le monde, s'est gracieusement prêtée à la chambre d'Olivier Mériel. Pendant trois ans, il y a voyagé en photographe pascalien. En esprit et en profondeur, en vérité et en lumière, en grâce et en plénitude. En noir et blanc. Et devant son œil cultivé, son œil de peintre, le grand port de la Baie de Seine s'est laissé carressé par les plus beaux ciels de France.
Mon
travail
est
un
rapport
à
l'immuable

un
artiste
hors
du
temps

du
sublime
en
photographie


© Olivier Mériel
 
© Olivier Mériel - Tous droits réservés
 
 
Olivier Mériel est un artiste hors du temps. Il capte l'espace, le saisit, le fixe, le fige et en fait sa cellule. Non pas celle des photographes, plutôt celle des contemplatifs. Pour lui, l'objet est un matériau, le sujet de son travail n'étant autre que celui-là même de la photographie : la lumière. Certes, il a regardé les grands peintres, Rembrandt en particulier. Ainsi que les dessins de Victor Hugo. Et les photographes. Ansel Adams ? Il en a horreur, "trop formaliste". Il préfère Weston, plus plasticien. Le lieu est choisi pour "mettre en scène une lumière", dit-il.

Le Havre prête ses quais et ses raffineries, ses plages et ses façades, ses bassins et ses bars du marin, ses escaliers, ses jetées et ses cheminées.
 
 
© Olivier Mériel
 
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Et pour ce faire, Mériel revient aux origines de son art : la chambre. Technique difficile, exigeante. Sa chambre, faite sur mesure aux Etats-Unis, est une 30 x 40 (il a aussi une 20 x 25 et projette de commander d'ici deux ans "le bout du bout", une 40 x 50). Ses films - les tirages ont la taille du négatif - viennent du seul fabriquant restant, en Hongrie, pays de grands photographes.

Dans une chambre, on voit à l'envers, droite, gauche inversées, "une destructuration du réel". Pour construire une image. Cependant, le procédé de la chambre l'intéresse peu en soi, il cite Braque : "l'art commence où la technique s'arrête". Seulement il permet des effets de décentrements et de bascules, latérales et avant-arrière, il permet de recréer des perspectives redressées tout en ayant un premier plan net : l'infiniment près et l'infiniment loin dialoguent, pour aller au-delà de l'œil humain.
 
 
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On atteint à la pureté de la lumière et de la matière : le rendu absolu de la photographie. "L'intime crée le fantastique", dit Olivier Mériel. Il prépare longuement, mentalement ses prises de vue. Il repère les lieux, les saisons et ne travaille jamais l'été. Il repère les heures, et revient avec ses 40 kg de matériel pour attendre l'instant. Le plus souvent à contre-jour. Il fait une seule prise. Temps de pose : 4 à 6 secondes en extérieur, jusqu'à 3 heures en intérieur. Pour donner de la vie à l'ombre. Equilibrer les hautes lumières et les basses ombres : l'écart de 1 à 40 est réduit de 1 à 7. Quant au cadrage, il se réfère à Tarkovski : c'est la métaphysique du cinéma. Et de la photographie.
 
 
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Dans ces conditions, les paysages sont vides, les personnages rares. Vides pour être habités. Rares pour être visités. "Mon travail est un rapport à l'immuable", dit-il encore. Contrairement à celle du Midi, il aime la lumière mordorée de Normandie. "Le noir et blanc, c'est une aventure sans fin. Il y a un rapport à l'origine, à l'originel". Après Les petits mystères, remarquable série précédemment publiée, et rare devenue, Olivier Mériel plongé au cœur du Havre de Grâce, avance au large et nous emmène sur la voie de nouveaux mystères, du sublime en photographie.

Avant de fermer pendant six mois pour travaux, le musée Malraux, grâce à son conservateur éclairé, Annette Haudiquet, honore Le Havre d'un tel hôte encore trop méconnu : Olivier Mériel, au-delà de l'espace-temps, à la Porte Océane la bien nommée.
Olivier de Champris
Le Havre, décembre 2005
 
 
© Olivier Mériel
 
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© Olivier Mériel
 
photo Olivier de Champris

Olivier Mériel, photographies. Musée Malraux, Le Havre, décembre 2005
Tél : +33 (0)2 35 19 62 62.
museemalraux@ville-lehavre.fr
Livre : Le Havre, entre réel et imaginaire. Photographies d'Olivier Mériel.
Texte d'Alain Leménorel. Editions Cahiers du Temps, 88 pages, 25 x 22 cm,
40 photographies imprimées en bichromie.
Crédit photos : © Olivier Mériel - Tous droits réservés,  www.photomeriel.com

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