nudité des corps, des visages peinture masquée par les images |
© Christophe Miralles. Une fraise de dentelle
La première chose qui m'a frappé, dans le travail de Christophe Miralles, c'est sa manière de dénouer la figuration, sans rien perdre de sa tension, de ce désir noué d'une autre présence, j'allais dire d'une nudité impossible. C'est tout à fait étrange de penser qu'il y a une nudité des corps, des visages, qui est encore cachée, dans une réalité de la peinture toujours masquée par les images, les corps découverts.
Je ne sais pas ce qu'est cette nudité, sinon qu'elle transparaît dans son travail, comme un point de fuite, un désir sans objet, un dépouillement extrême dans la ressaisie d'une apparence, d'une disparition. © Christophe Miralles. L'âge de la lune
Je ne pense pas qu'il connaisse son désir, qu'il soit possible d'assigner une limite à un tel désir. Nous sommes là dans la pure découverte d'un horizon constitué d'un entassement de pierres. Autre chose, et toujours en rapport avec cette nudité, me paraît important dans son travail : c'est la fonction de l'abstraction, son rôle d'habillage, sa façon de revêtir le corps, la figuration, d'inverser cette notion d'habit en plongeant le regard dans l'indétermination d'un corps sexuel. Chez Miralles, la chair somptueuse est une étoffe, un tissu, un velours, on pourrait presque dire une présence d'acteur, la charge accumulée d'un orage, d'un éclair, d'une blancheur. Sa peinture, dans la richesse des couleurs, est au bord d'une toile presque blanche, d'un éblouissement. Ce qui ramène à la nudité, sur la scène de sa peinture ce désir est presque un non-lieu, le non-lieu d'un corps. Je crois cette idée importante que la nudité en peinture est un non-lieu.
© Christophe Miralles. Dans les gorges
Je ne sais pas ce qu'est sa formulation, son intuition, si, dans ce fouillis de notes, il y a rencontre. Je crois qu'on ne peut avoir du sens qu'une vision fugitive, comme d'un mot dans un mouvement perpétuel de lettres. C'est aussi cela le sens de son travail, une écriture, mais de quelque chose qu'on ne peut réussir à saisir.
© Christophe Miralles. Les palmes sur les mains
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Galerie Libre Cours, 100 rue de Stassart, 1050 Bruxelles, du 1 au 31 mars 2007, www.librecours.be
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