Mexico, ma churrigueresque, exporevue, magazine, art vivant et actualité
Mexico, ma churrigueresque!

Cet article n’en est pas un au sens habituel du terme.

Ce texte, incomplet, parfois brouillon de par sa nature, épouse les lignes sinueuses de la cité. Alors, il ne reste qu’à se risquer face à l’improbable, l’indicible, aux découvertes ainsi qu’aux accidents. En quittant le Québec, je n'avais pourtant pas l'intention d'écrire au sujet de Mexico, cependant l'attraction que cette ville exerce en a décidé autrement. Comment décrire cette ville? Mexico n'est pas le Mexique tout comme New York n'est pas les États-Unis ou Berlin l’Allemagne. C'est une ville à part. Pour donner une toute petite idée de ce monstre, Mexico, c'est une population d'environ 22 millions d'habitants sur une étendue de 2 018 kilomètres à une altitude de 2 200 mètres. Bonne première, elle déclasse maintenant Shanghai parmi les villes les plus populeuses au monde. Le maire de la ville, Cuauhtemoc Cardenas, appartient au parti de centre gauche, le Parti de la révolution démocratique (PRD). Au moment où j'arrive, le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) a été délogé par le Parti d'action national (PAN). Le Mexique semble souhaiter l'impossible de son nouveau président Vincente Fox, ancien président de Coca-Cola. Un travail titanesque attend le gaillard de presque 2 mètres aux bottes de cow-boy. Tout le Mexique semble immobile attendant l'entrée en fonction du PAN et de son président le 1 décembre 2000.

Les secousses indiquent que l'avion amorce sa descente. Une épaisse couche de nuages brunâtres est traversée. Nous pénétrons dans la soupe pour enfin apercevoir Mexico. L'avion poursuit sa course. L'aéroport est dans le nord de la ville; celle-ci semble sans fin. Je suis attendu, heureusement car, ne connaissant que deux ou trois mots d'espagnol, je n'aurais pu me rendre très loin. C'est dans l'une de ces nombreuses coccinelles vertes et blanches que nous nous rendons dans le quartier de Coyoacán (le lieu où vivent les coyotes) à la Casa del escritor où vivent deux artistes québécois en résidence pour une période de quatre mois, José Acquelin, poète, et Francine Alepin, comédienne et metteur en scène.

La circulation est plutôt fluide, ce qui est rare. Les voitures s'engagent dans un ballet surprenant, se coupant et entrecoupant la route dans une incessante circulation. Une mer de voitures, un océan d'oxyde de carbone dans lequel se glisse la coccinelle, insecte nuisible étant donné le nombre de ses congénères. Pour donner une idée de mesure ou plutôt de démesure, on retrouve à Mexico 9 000 kilomètres de voie, environ 3 millions de voitures, 27 000 microbus (appeler communément pesero), 92 000 taxis, 2 000 trolleybus et autobus (1). Si vous additionnez l'altitude à la moyenne d'âge des véhicules, environ 17 ans, à la corruption des centres de vérification automobile avec la mauvaise qualité de l'essence vous obtiendrez un joyeux mélange que les mexicains appellent gentiment la contaminación.

C'est autour d'un verre de la boisson nationale, nous étions en train d'essayer d'établir une liste des meilleures tequilas, que José et Francine ont bien voulu partager leur impression du monstre. Les deux artistes sont à Mexico dans le cadre d’un échange entre le gouvernement québécois et mexicain. José profite de sa résidence afin d’écrire et de découvrir la poésie nationale. Il s'agit pour lui d'un premier contact avec Mexico. Pour sa part, Francine connaît bien la ville puisqu’elle y a déjà séjourné à quelques reprises; elle travaille en collaboration avec la troupe de théâtre Teatro Linea de Sombra sur un projet au sujet de l’œuvre d’Orlando de Virginia Woolf. De par sa formation en mime corporel (Étienne Decroux), elle s’intéresse au théâtre de mouvements.

Francine et Jose

Sylvain : À mi-chemin de votre séjour, j'aimerais savoir comment cela se déroule?

José : Je viens de terminer un poème qui s'appelle  La muy grande manzana pour faire surenchère à la Big Apple, New York. Mexico, c'est plus encore : the biggest apple. Peut-être 25 millions d'habitants! C'est dur à contrôler avec toutes ces populations qui s'installent tout autour. Montréal a l'air d'un pueblocito, d'un petit village. C'est  The Big Apple multipliée par X.

Francine : C'est le gigantisme. La ville de contraste, c'est ça qui me fascine tant. On pourrait haïr cette ville, il y a trop d'odeurs, trop de couleurs, trop de gens et en même temps j'en suis amoureuse. Je ne pourrais pas l'expliquer en raison de l'intensité de la ville. Je commence à m’accoutumer. Je travaille fort pour apprivoiser la langue. Il n'y a pas une journée où je ne suis pas frappée par quelque chose, une image, une personne, une situation.

J. : C'est le baroque! C'est le churrigueresque! C'est un adjectif auquel il faudrait s'étendre. C'est la tapisserie des couleurs, des odeurs, des gens. Cet écart que tu retrouves minute après minute entre les gens, les pistolets, les carabiniers, les gardes près des banques et des riches maisons.

F. : Les indiens sont pieds nus dans la rue. Il y a un métissage très fort.

J. : Très fort et très prenant. Le moindrement que tu vives sensiblement, que tu ne t'enfermes pas dans ton esprit nord-américain, individualiste; tu n'as pas le choix! Tu vis par les sens, tout ce qui t'arrive au niveau des odeurs, du toucher, etc. Tu vas au marché, tu touches les étoffes, les papiers, les écorces. Tous les sens sont continuellement sollicités. C'est fabuleux, mais c'est aussi paniquant!

S. : Et votre rapport avec le système mexicain?

J. : J'ai une expression : c'est l'anarchie organisée! Pour la mégapole de Mexico, c'est l'expression clé. Elle se vérifie chaque jour, non seulement dans les rues mais dans les rapports entre les gens. Tu t'attends à quelque chose et puis, ce n'est pas ça! C'est plus tard, c'est l'anarchie organisée. Ça semble fonctionner! Effectivement, tu finis par rencontrer les gens que tu dois rencontrer mais peut-être pas quand tu le désires.

F. : C'est l'inertie surtout au niveau bureaucratique. Si elle existe du côté des artistes, c'est parce qu’on les empêche de bouger, d'aller plus loin par faute d'argent et de lieux de travail. En théâtre, c'est un problème! Il faut faire partie d'une certaine élite pour avoir accès à un lieu de travail ou avoir un budget adéquat. Les gens avec qui je collabore, ils ont de réels besoins. Ils doivent s'acharner pour s'organiser, ils travaillent très fort mais cela avance à pas de tortue. Pour ma part, j'ai attendu un mois pour avoir un lieu de travail. C'est l'inertie chez les fonctionnaires, mais pas tous. Je ne sais pas si c'est le fait de se retrouver entre deux gouvernements ou si c'est la manière de concevoir le travail. Nous qui sommes tellement habitués à la productivité et à l'efficacité. Ici, c'est tout à fait le contraire!

J. : Il faut voir que le Mexique, c'est une zone tampon entre tout l'individualisme nord-américain et l’Amérique latine. C'est toujours en train de grouiller, de bouger de tous bords, de tous côtés. Tu sais jamais à quoi t'attendre. Le Mexique, c'est 80% de sa population qui est métissée, c'est très important!

F. : C'est un pays du tiers-monde avec des prétentions et des ambitions de pays riche. Mexico pourrait sans doute en faire partie, mais dès que l'on quitte la ville on s'aperçoit que c'est déjà le début du tiers-monde. Il est clair que la richesse est concentrée chez une minorité.

(Le Mexique, c'est près de 40 millions de pauvres vivant en moyenne avec trois dollars par jour, presque la moitié de la population, alors que le cinquième de la population nantie dispose de 58,2% de la richesse(2)..)

S. : Et ce qui concerne de rapprochements et de différences avec les personnes?

J. : Du fait que je parle la langue, j'ai peut-être un rapport plus facile. Ma latinité, en tant que francophone, me rapproche d'une certaine émotivité; ce que je ne sens pas avec le monde anglo-saxon. Il y a une émotivité latine qui est propre au Québec. Dans le fait hispanophone d'Amérique latine, il y a quelque chose qui me rapproche de l'humanité, ce que sont les humains à travers leur langue, le rapport qu'ils ont avec toi, c'est spontané! Peut-être est-ce l'influence hispanique mais, en même temps, je pense que c'est une affaire de climat dans le sens où la chaleur, le fait qu'on soit sous les tropiques du cancer, favorise l'amplification des sens.

S. : Et Francine, en ce qui a trait au mouvement?

F. : J'y vois les mêmes problèmes que chez les québécois. Dès que l'on entre dans le monde de la pédagogie, dès que l'on aborde une forme d'art, on se retrouve devant les mêmes problèmes que partout. Je pense effectivement que notre latinité nous rapproche au niveau artistique. Je sens beaucoup d'affinités avec mes camarades de théâtre. Il y a une volonté de se démarquer de l'impérialisme américain et de l'Europe. Je pense que ça nous rapproche beaucoup des Mexicains.


La muy grande manzana

depuis le fruit nous nous connaissons rien depuis les étoiles dont les savants nous originent depuis le cœur que les heures battent en solos qu'est-ce que peuvent nos mots nos sourires

le feu de la voix est toujours aussi incompréhensible on continue ce qu'il y a de plus immédiatement vif pour polluer le viol mutuel des uns et les autres pour glorioler notre résistance notre instinct

je regarde et j'écoute tomber la pluie j'essaie de moduler mon souffle sur celui de l'arbre je calme la balançoire de mon cœur cru l'azur revient en s'accoudant aux nuages

le vent dans les cèdres égyptiens le cyprès enlacé par les bougainvilliers les avions dans les frondaisons des nuages c'est la manie de survie de mes yeux vers le haut

en bas les porteurs d'eau sous le soleil contaminé les vendeurs de tests d'intelligence dans le métro les chicharronniers derrière les peaux frites de porc les bouquettiers de blé et leurs enfants de tournesols

et ces mendiants qui tendent leurs yeux profondément levés vers le haut que je suis quand je passe dans mes peurs pendant que eux gisent familialement sur le trottoir parmi les merdes de chien les crachats et les fleurs de tulipier

le crépuscule brûle discrètement j'ai soif de l'aube ceci est la rengaine de qui ne veut plus de logique nous sommes tous des mauvais élèves des calendriers nous voudrions changer le cidre du paradis en mezcal de l'instant

José Acquelin, Coyoacan, México 9 octobre 2000

Le jour se lève. Le pouls de cette ville n'a jamais de cesse. La nuit, le bruit des voitures, les sirènes, le hurlement des chiens, l'éclatement des pétards, le son des moustiques. À chaque moment nos sens sont constamment en alerte. Les forces de l'invisible agissent : la pollution, l'altitude, la surpopulation, etc. Dans les premiers jours, il arrive que l'on se réveille dans la noirceur de la nuit pour chercher son souffle. Mexico est une ville comme tant d'autres où le sommeil a sombré dans l'oubli. Le temps semble suspendu. Le coyote, animal mythique chez la plupart des populations indigènes, a fait place depuis le temps au perro. Les chiens sont partout présents. Chaque maison a son ou ses chiens afin d'effrayer ceux qui auraient la mauvaise idée de s’aventurer dans la propriété. Mais les chiens errants sont là dans la ville, les yeux tristes, affamés, ils se couchent ça et là dans les rues ou près des métros. Des légendes urbaines racontent même qu'ils se retrouvent quelquefois dans notre assiette. Il y a longtemps que les habitants n'y font plus attention. La fierté de ces animaux s'est dissoute dans la poussière; ils ne sont plus que l'ombre d’eux-mêmes et hurlent à la lune.

Dans la rue, toutes les occasions sont bonnes afin de vendre quelque chose. Les artisans ainsi que les vendeurs sont présents dans les marchés et dans les rues. Dans cette foire, les icônes religieuses se mêlent aux images païennes. La vierge noire, Bugs Bunny, Spider-man, les Simpsons se retrouvent côte à côte. Les mexicains semblent friands des cartoons américains, sans doute en raison de leur couleur et du déroulement effréné de l'action. La seule existence de cette ville apparaît comme un viol contre l'individu : pollution de l'air et de l'eau, surpopulation, pauvreté, etc. Les bruits incessants de la cité sont comme autant de manifestations qui expriment la volonté d'exister et le désir de vivre. Toutes ces vies se bousculent dans un concert chaotique sans fin. Les habitants n'ont d'autre choix que de se barricader. Toutes les fenêtres sont protégées par du fer forgé, les dessus des murs sont couverts de verres et de fils barbelés. Il n'est pas rare qu'un gardien armé protège une résidence. Les banques ne s'en privent pas. Gilet pare-balles, carabine dans une main, ils sont là et attendent dans la rue. Voilà sans aucun doute les signes les plus tangibles de la répression.

Mexico, c'est un vol à chaque cinq minutes et un meurtre tous les quatre-vingt-dix minutes (3). Ces chiffres datent de sept ans...

Il fait beau, il fait chaud, sur l'Avenida Revolución, je me dirige vers le musée d'art contemporain Carrillo Gil. Parmi la collection permanente, il y a bien sûr les Diego Rivera, José Clemente Orozco, etc. De cette exposition, je me suis surtout rendu compte de l'importance de la photographie dans l'histoire mexicaine pour découvrir les Manuel et Lola Alvarez Bravo, Nacho Lopez, Gabriel Figuero et autres. Il y avait aussi des artistes plus actuels tels que Jordan Grandall, le photographe Woutter Deruytter et Marco Arce dont nous avons pu voir récemment le travail à Montréal lors de l'exposition d'art actuel mexicain au Musée des beaux-arts. Pourtant, ce qui a retenu mon attention, c'est la présentation du film de Luis Buñuel Los Olvidados, 1950, qui raconte l'histoire d'enfants vivant dans un bidonville de Mexico. Un film dur, sans concession et sans complaisance. Ému, j'avais la malheureuse impression qu'il n'y avait pas eu vraiment de réels progrès.

En sortant du musée, à l'ombre près d'une clôture, un enfant, la couche pleine, crie pour appeler sa mère. Il semble être seul, abandonné. Je regarde à gauche, à droite, pas de trace de mère. Personne ne s'arrête! Un chien aurait eu sans aucun doute plus d'attention. Avertir le gardien du musée, les autorités, une personne; je décide tout de même d'aller chercher Francine qui enseignait non trop loin de là. Quelques minutes plus tard, quelle ne fût pas notre surprise de découvrir au même endroit une petite fille. Mon regard se dirige vers l'avenue pour enfin apercevoir la mère, le petit garçon attaché sur son dos. Elle profite du fait que la lumière soit au rouge afin de demander l'aumône aux automobilistes et bien sûr, elle ne peut prendre les deux enfants à la fois. Mexico, c'est aussi ça!

Lors de ce court séjour, ma visite au Centro de la imagen a été sans contredit l'une des belles découvertes. De l'extérieur, ce centre de photographie contemporaine ne laissait rien paraître de la beauté architecturale du lieu. L'aménagement interne nous introduit dans une série d'espaces spacieux surplombés d'une passerelle permettant ainsi de créer un second étage. Si les artistes présentés en valaient le détour, j'ai surtout été intéressé par le travail du belge, Vandenmove Wilfried, qui en février 1999, a initié un projet avec les enfants de la rue de Mexico en leur fournissant un appareil photo; de grands formats, saturation des couleurs, un sujet émouvant. La majeure partie des photographies sont des autoportraits car les enfants ont été invités à saisir eux-mêmes leur réalité. De plus, de petits albums de photo étaient apposés aux murs, ces derniers représentant la vie des jeunes au quotidien. La photographie agit comme un révélateur par lequel les enfants se regardent et interpellent le regardeur. De ces jeunes qui ont vu, trop vu, on ne peut que baisser le regard.

Nous roulons vers la Sociedad General de Escritores de México (SOGEM), il nous faudra trois pesero, ou minibus, pour aller à notre rendez-vous, ville labyrinthique. Je regarde autour de moi, à la fenêtre de notre banquette, un petit trou cerné un noir. Il s'agit sans doute d'un trou de balle. Mexico nous surprendra toujours. Je vais rencontrer, en compagnie de Francine Alepin qui me sert d'interprète, le président de cet organisme : Victor Hugo Rascon Banda. Dramaturge ayant réalisé ses études en droit, Banda était l'un des candidats pressentis à la fonction de ministre de la culture. Afin de mieux saisir la portée de l'arrivée du nouveau gouvernement pour le milieu de la culture je lui ai demandé ce qu'il en pensait.

Victor Hugo Rascon Banda

S.: Pouvez-vous me brosser un portrait général de la situation culturelle au Mexique?

V.H.: Un comité d'étude a écrit un programme afin d'établir une perspective pour les six prochaines années. Je travaille en collaboration avec Sari Bermudez, présidente de la commission, afin de créer un programme de la culture pour le président Fox. Nous avons consulté tous les secteurs, les gens du livre, de l'édition, de l'industrie cinématographique, du théâtre, de la musique, etc. Nous avons plusieurs idées à présenter au nouveau gouvernement. Le Président Fox recevra ce document à la fin du mois et l'utilisera peut-être pour élaborer une nouvelle politique culturelle. J'ai eu l'opportunité d'être l'un des consultants avec douze autres personnes représentatives de chacun des secteurs culturels. Nous espérons bien sûr que les choses iront mieux. Le gouvernement s'est engagé à maintenir la liberté d'expression parce que ce parti est composé d’éléments plus conservateurs, religieux et moralistes.


L'homme fort du Mexique, Vincente Fox, représente l'american dream à la mexicaine. Parti de rien, il s'est hissé à la tête de la compagnie Coca-Cola. Il débute sa carrière politique en 1988. Décrit comme un homme frondeur, ambitieux, agressif et fort en gueule, Fox et son parti ont délogé le PRI au pouvoir depuis 71 ans. Le PAN, créé dans les années 30, est soutenu par une aile de tradition orthodoxe catholique.

Nous avons tout de même l'assurance de Fox qu'il maintiendra l'Église séparée de l'État et de la vie publique. Il devrait y avoir le respect des communications, de la radio et des journalistes. Dans notre étude, nous critiquons la centralisation de la culture parce que la ville de Mexico n'est pas représentative du Mexique. Nous avons besoin d'appuyer chaque commune, chaque département du pays. Il faut développer une éducation artistique à la base de l'école afin de créer un public. Ainsi, il devient nécessaire de former des spécialistes des arts, pas dans la ville de Mexico, mais à travers le pays. Il faut y inclure la sculpture indienne car nous avons environ cinquante communautés indiennes différentes. Nous devons donc soutenir non seulement ces expressions d'art mais aussi la langue et la littérature. Nous voudrions créer un département qui s'occuperait de soutenir l'exportation de biens culturels. Des études seront faites afin établir des statistiques au sujet de tous les aspects de la vie culturelle pour être en mesure de prendre des décisions. Nous avons besoin de préserver la culture comme pour le français au Canada.

S. : Comment considérez-vous l'arrivée de ce nouveau gouvernement?

V.: Ce gouvernement a plusieurs problèmes parce que le congrès appartient aux autres partis. Il a bien sûr des problèmes d'argent, il devra négocier et faire des concessions aux autres partis dont le PRI. Une partie du budget devra être engagée dans les programmes sociaux. Il ne peut rien faire sans une réforme fiscale car l'argent vient principalement de l'industrie du pétrole mais l'année prochaine le prix du brut peut chuter. Enfin, il y a toujours le problème du Chiapas. Fox n'a pas beaucoup de négociateur, c'est un entrepreneur et son équipe vient du milieu de l'industrie et du commerce. Le nouveau parti n'a pas les personnes pour administrer, il n'a pas l'esprit et la sensibilité nécessaire. Fox était gouverneur d'un état riche, Guanajuato, sans indien et sans pauvreté, le reste du pays est différent. Les gens souhaitent tant de chose, il est comme un père Noël.

Voici la liste du père Noël Fox :

  • Faire croître l'économie de 7%
  • Créer 1,3 millions d'emplois par année
  • Réformer la fiscalité
  • Renforcer la Commission nationale des droits de la personne
  • Respecter les Accords de San Andres et retirer l'armée de la zone de conflit au Chiapas
  • Lutter contre la corruption
  • Augmenter la part de budget pour l'éducation
  • Faire de l'environnement un cheval de bataille


  • D'ici les deux prochaines années, la population aura un choc car il ne peut réaliser ses promesses avec cette économie. Le premier décembre prochain, il annoncera un programme de 100 jours. Il entreprendra une série d'actions dans les divers secteurs de l'économie tels que l'agriculture, les affaires étrangères et l'industrie pétrolifère.

    S. : Qu'est-ce que le secteur culturel espère de ce nouveau gouvernement?

    V.H. : Le milieu culturel craint l'intolérance, la censure et la répression dans les arts. Il pense qu'il y en aura car les états du nord de ce parti sont terribles pour les arts. Ils se sont déjà manifestés dans le sud contre les homosexuels. Fox a tout de même promis la liberté d'expression. Puis, il y a la démocratisation de la culture, ce n'est pas seulement les beaux-arts mais aussi la tradition orale, l'art traditionnel, la musique populaire, etc. Nous voulons développer une identité culturelle. C'est le seul chemin pour stopper l'invasion américaine. L'économie est peut-être globale mais nous avons besoin de la différence. Les gens pensent que c'est l'opportunité pour un changement. C'est maintenant ou jamais! Ils supporteront Fox pour l'espoir du changement.

    Fox a été porté au pouvoir par la communauté urbaine des moins de 35 ans. La jeunesse a soif de lendemains chantants.

    Après ce court séjour, je n'ai pas la prétention de connaître cette ville et encore moins le pays. Cette rencontre est un peu comme un premier rendez-vous. La ville de Mexico frappe l'imagination, déconcertante dans ses excès, ses couleurs, ses odeurs, sa foule et son fourmillement constant. À mon transit à Atlanta en direction de Montréal, j'ai assisté à une drôle de scène dans laquelle un québécois tentait de convaincre en anglais un juif orthodoxe de la nécessité de protéger le français... Je m'ennuyais déjà de Mexico.

    Sylvain Latendresse

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    Pauvrete     Pesero

    Notes :

    "Mexico, ma churrigueresque!" "Style baroque hispanique tardif, caractéristique de nombreuses églises mexicaine", Mexique. 1993. Paris : Lonely Planet Publications, p. 942.
    (1) Ces chiffres ont été tirés de l'article de Françoise Escarpit : "Grandes manœuvres politiques au Mexique", Le Monde diplomatique, Paris, septembre 1999, p. 22.
    (2) Les chiffres ont été tirés d'un article de Guy Taillefer publié dans le Devoir du jeudi 10 août 2000 intitulé: "Comment fera M. Fox?"
    (3) Mexique, Paris, éd. Lonely Planet Publications, 1993, p. 115.

    Liens (langue espagnole) :
    Centro de la imagen :
    http://www.cnca.gob.mx/cnca/centroim/index.html
    SOGEM  : http://www.sogem.org.mx

    Liens (langue anglaise) :
    Musées mexicains : http://www.mexicocity.com.mx/museum.html


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