MAC/VAL, Musée d'art contemporain du Val-de-Marne, exporevue, magazine, art vivant et actualité
MAC/VAL, Stardust ou la dernière frontière
 
 
Construit par l'architecte Charles Ripault, le MAC/VAL se veut sobre, calme et lumineux. Ancré au cœur de Vitry-sur-Seine, ville nouvelle à une encablure de la capitale, le MAC/VAL est devenu rapidement un lieu incontournable dédié à l'art contemporain, un lieu d'art et de vie, symbole d'une politique culturelle particulièrement innovante. Il s'intègre au parcours des habitants et leur offre une immersion permanente, pédagogique, pleine d'humour et décomplexée.
 
 
Gwen Rouvillois
 
Gwen Rouvillois, Propriété lunaire (pour/sans/sous/sur/derrière/ dans la lune), 2007.
Courtesy Gwen Rouvillois. © Adagp, Paris 2007.
 
 
L'accrochage de la collection permanente "parcours#2", intitulé être présent au monde est consacré au rapport au corps. "La présence au monde que les artistes mettent en œuvre pour être en résonance avec lui".

Une série d'œuvres et d'installations nous questionnent sur notre rapport au monde et la notion de corps. Corps sensible, corps éphémère, corps de souffrance ou de jouissance, corps mémoire, corps interdit, corps désiré désirant, corps détruit, mémoire de corps… Or "Etre présent"… c'est être là. Vibrant, à l'écoute, attentif à cette notion d'implication intime, corporelle, sensible, sensuelle, être là, c'est avant tout être présent à soi-même. Car comment être présent au monde, sans être présent au cœur même de notre corps, à l'écoute de nos sens, de notre réalité intime ?

Présence de l'artiste mis en scène ou témoin et interaction du spectateur, les œuvres sélectionnées nous conduisent à une forme de contemplation, d'étonnement et d'intériorité. Plutôt que nous imposer une vision arrêtée ou une réponse, elles nous interrogent et nous impliquent…

Par une proposition très variée d'œuvres et de media, ce parcours n'a qu'une exigence, celle de nous obliger à prendre le temps de devenir acteurs. Retenir ce temps qui n'a de cesse de fuir et nous happe pour nous plonger dans une observation sensible. Explorer un champ d'émotions multiples, intimes, secrètes. Se laisser questionner…
 
 
Nicolas Baier
 
Nicolas Baier, Trou noir, 2005.
Courtesy Collection Musée d'art contemporain, Montréal.
 
 
Question de point de vue :
Felice Varini invité à demeure du musée, signe une illustration tonique de la nécessaire implication du public dans une anamorphose géante trois cercles désaxés. Celle-ci nous oblige à chercher une clef de lecture physique, à trouver "le" point de vue unique, géographique, imposé par l'artiste, à partir duquel le parcours étrange de lignes rouges apparemment décousues devient lisible.

Question d'écoute sensible quand l'immatériel sculpte l'espace :
La sculpture sonore de Dominique Petitgand Il y a, Ensuite nous rend palpable un espace imaginaire, simplement défini par les sons et les histoires tissées, croisées, dont la seule évocation ouvre un espace de mémoire et de nostalgie. Un espace intime qu'aucun mur n'a besoin de cerner car seuls les sons le construisent.

Question de mémoire et d'empathie :
Les images d'Esther Shalev-Gerz sont la transcription en creux de l'histoire universelle restituée par une évocation de fragments de visage saisis dans des moments d'intériorité. Emotions palpables, silences, voyages intérieurs sont les ressorts de notre propre exploration.

Question d'écoute des silences :
La Callas d'Ange Leccia est un moment d'émotion pure, de silences, une version animée dont la facture évoque à la fois les autochromes de Lartigue et les vidéos de Bill Viola, sont une invitation à la méditation.

 
 
Jean-Luc Vilmouth
 
Jean-Luc Vilmouth, Projet pour Mars, 1996.
Collection mac/val, Vitry-sur-Seine. © Photo Jacques Faujour. © Adagp, Paris 2007.
 
 
Question de culpabilité, de formatage :
L'installation de Jean Luc Vilmouth Bar séduire réveille nos fantômes et fantasmes de séduction, elle nous invite à un face à face troublant avec la notion même du désir, avec la perception de notre corps. La caméra devenue sujet accueille les moments d'humour, les pudeurs, les doutes, la renaissance parfois pathétique de la séduction d'un corps flétri, elle vole des purs moments d'émotion, amuse, dérange, vivifie. Arrêt sur les petites photos repeintes du Péché d'Annette Messager, ces images de plaisir sont-elles accusation ou question, doigt dénonciateur ou doigt plaisir, elle énonce, elle se tait, elle propose, à nous de choisir.

Question sociale, André Cayatte n'est pas loin, "Sommes-nous tous des assassins" ?
L'installation de Malachi Farrell, La Gégène, est un jeu troublant construit autour de toutes les violences de l'histoire, qu'elles soient inquisition, guerre d'Algérie, conflit Israélo-Palestinien, elles se rejoignent dans une même absurdité, au cœur d'un monde de consommation brillant et aveugle.
Bertrand Lamarche auteur de la vidéo mystérieuse et allégorique Le Terrain ombelliférique, Gina Pane, Philippe Ramette, Buren…
Shilpa Gupta, jeune artiste indienne, inaugure le programme des résidences où elle a été invitée pour produire une oeuvre, Shadow 3.

Un ensemble de confrontations physiques à cette sélection puissante d'univers magistraux.
 
 
Yinka Shonibare MBE
 
Yinka Shonibare MBE, Space Walk, détail. 2002.
© Yinka Shonibare MBE. Courtesy Yinka Shonibare MBE / Stephen Friedman Gallery, London.
 
 
En parallèle de ce parcours, une exposition temporaire à ne pas manquer: Après l'exploration du corps vient celle de l'espace avec l'exposition Stardust ou la dernière frontière.

Stardust ou la dernière frontière réunit des oeuvres d'une cinquantaine d'artistes internationaux. Ciels, planètes, étoiles, voie lactée, constellations, comètes, satellites, supernovae, Big Bang, trous noirs, espace-temps, fusée, astronautes sont les personnages de cette saga. "Dans cette tentative d'une description de l'ailleurs, c'est de la condition humaine dont il est fait état. Entre fiction, artifices, fabrique de l'image et pouvoir, conquête, colonialisme ou encore identité".
Un caléidoscope d'images à découvrir, celles de la terre vue d'en haut, du ciel vu d'en bas ou parfois simplement rêvé, celles des observations insatiables et patientes de "Petits Princes" éternels, un monde proche et pourtant si loin, fait d'évidences et de silences sidéraux, de science et de fantasmes, où résident encore des espoirs de l'homme en un ailleurs meilleur.

Une sélection d'artistes évoque les visions de l'univers inaccessible, mystérieux, à notre portée et pourtant si loin. Ils sont confrontés à la vision de cosmonautes, astronomes et scientifiques. Echanges de rêves et de regards.

L'apparente naïveté et fraîcheur de la représentation de Guy Allott nous plonge dans un univers enfantin et une vision de carton-pâte du monde des étoiles. Avec ses engins spatiaux la route risque d'être longue…
Travail hypnotique, présenté comme une constellation, de Bernard Moninot recréant son big bang par une création de lignes magnétiques, dont la matérialisation n'apparaît, après une longue et fastidieuse préparation, que dans l'espace d'une seconde, celle du coup de marteau final donné par l'artiste, dont les effets cinétiques s'ancrent à jamais sur son support.
Les cosmonautes de Yinka Shonibare, ancien YBE (Young British Artist), nominé du Turner Prize 2004 portent haut les boubous africains, et emportent dans le ciel les espoirs de l'Afrique… quelques vidéos, où l'on réalise la portée de l'enfance dans nos constructions de nos rêves d'adultes. Gilles Barbier présente une œuvre gigantesque sur papier, noir sidéral, abyssal, univers de S.Kubrick, vision organique, facture léchée, captivante. La soucoupe volante de Claude Closky survole le MAC/VAL… Tous deux étaient les nominés du prix Marcel Duchamp à la dernière Fiac. The day before de Renaud Auguste-Dormeuil, nous replace avant les grands drames, Hiroshima, 9/11, devant un cosmos imperturbable. Abyssal, encore.
Pascal Broccolichi Atlas Lambda 1991-2003, offre 20 années d'écoute du silence de l'espace.
 
 
Edith Herlemont-Lassiat
Paris, octobre 2007
 
 
Gilles Barbier
 
Gilles Barbier, Sans Titre (La Réserve), 2005.
Collection privée. Courtesy Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois, Paris.
 
 

Stardust ou la dernière frontière, du 5 octobre jusqu'au 13 janvier 2008. MAC/VAL, Musée d’art contemporain du Val-de-Marne, Place de la Libération, Boîte postale 147, 94404 Vitry-sur-Seine cedex, www.macval.fr

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