quelque chose de l'enfer avec une toute petite cerise d'ironie sur le gâteau…
|
Et par là nous sortîmes à revoir les étoiles.
Quelque chose de l'Enfer : du bruit et des images comme seule forme possible de calme, le tout obtenu par obsession, en quantité ; voler des textes à des auteurs que je ne connaitrai jamais, collectionner des flots d'images qui ne m'appartiennent pas, m'approprier des sons sans que je sache même d'où ils proviennent ; quelque chose de l'Enfer : comme ingestion, digestion, déjection, trop facile de me dire que je suis mon propre enfer, mon lieu d'en bas, trop facile de me dire que c'est en haut "qu'ça s'passe", juste jouer à la bascule. Et puis d'abord "t'es qui toi" l'Enfer pour venir dans mon atelier insidieusement sans prévenir personne ? Tiens, tiens, insidieusement, in - si - di - eu - se - ment, ainsi Dieu se ment ? Le voilà lui, qui se pointe, je me doutais bien que je verrai le bout de son nez, pas question que je parle de son Déchu sans qu'il s'en mêle vous pensez bien…
Quelque chose de l'Enfer : peut-être simplement un atelier d'artiste dont l'artiste est absent.
Ou vide ; un artiste ça se vide également, un peu comme un poisson mais en plus grand. Oui c'est cela, la grandeur de l'artiste, peut-être juste un rapport de taille, Anatomie Comparée de l'artiste et du poisson, je suis une mouette, non ce n'est pas cela, de toute façon je ne suis pas non plus une actrice.
Quelque chose de l'Enfer : prenons par exemple la rue Lauriston, je suis né tout à côté, en 61 (comprenez 1961) et bien, rue Lauriston pendant l'occupation,
on torturait les gens et dans les années 70, rue Lauriston, on vendait des studios avec baignoire ; comme un petit quelque chose de l'enfer avec une toute petite cerise d'ironie sur le gâteau.
Epilogue :
Je me souviens tu vois quand tu venais me chercher à l'école ; je contournais
le parterre de fleur de l'immeuble récent de la rue Lauriston.
L'enfer - me - ment.
Richard Laillier Paris, avril 2004
|