Yayoi Kusama

Yayoi Kusama

Yayoi Kusama, "Bed - Dots Obsession", 2002
courtesy Galerie Pièce Unique Paris

Au centre de









la composition









elle dirige la









chorégraphie de









ses personnages



Son travail a souvent été associé à des mouvements comme le Pop Art, le Minimalisme et l'Expressionnisme Abstrait, mais l'œuvre de l'artiste japonaise Yayoi Kusama reste profondément originale. Bien qu'elle puisse se vanter d'une longue et prolifique carrière artistique, Kusama arrive encore à nous surprendre et à nous déstabiliser avec ses dernières œuvres.

Pour fêter ses 15 ans, la Galerie Pièce Unique consacre, dans ses deux espaces ainsi qu'à la Fiac, une exposition personnelle à cette artiste renommée qu'elle suit depuis plusieurs années.

Le lieu de la rue Mazarine est entièrement dédié à la peinture : un long voyage dans l'univers psychédélique de Kusama. Ses toiles, des grands, moyens et petits formats, ont la même force et le même pouvoir dépaysant et hypnotisant de ses installations et environnements (on pense à "Fireflies on the Water" ou encore à "Infinity Mirrored Room" présentées dans l'exposition "Yayoi Kusama - Installations" en 2001, à la Maison de la culture du Japon, à Paris) où, plongé en apesanteur, on perd tout repère spatio-temporel. Seule exception au milieu des peintures un étonnant cœur fuchsia aux protubérances phalliques auxquelles s'accrochent des poupées Barbies. Sorte de "contrepoids", "Heart", nous rappelle que la surface bidimensionnelle, dans les toiles de Kusama, n'est qu'apparence.

La grande vitrine de la rue Jacques Callot nous pousse au "voyeurisme"… Pièce Unique se transforme en alcôve ! "Bed-Dots Obsession", un grand lit à baldaquin à pois rouges sur fond blanc, envahit l'espace.
Matérialisation freudienne de fantaisies inavouables, des excroissances phalliques tentaculaires nous invitent…rêve ou cauchemar, la tentation est forte. Un petit portrait de Kusama est accroché au mur. Elle gît dans ce lit enveloppée par le même tissu : elle se fond dans son œuvre, elle en fait partie.

Yayoi Kusama

Yayoi Kusama, "My melancholic feeling", 1991
courtesy Galerie Pièce Unique Paris

Une série de dessins inédits était exposée à la FIAC. La représentation a diamétralement changé, on passe de l'abstraction des "Infinity Nets" au figuratif avec les "Girls" qui peuplent ses dernières œuvres.
Ses sujets sont des femmes, décrites d'une façon extrêmement graphique, elles "fluctuent" dans un champ auquel l'artiste ne donne aucune connotation spatiale : elles semblent vouloir se substituer aux bien connus "polka dots" qui hantent l'œuvre de Kusama.
Le mouvement revêt toujours une grande importance. Sorte d'hallucination, il est perçu comme vibration dans ses peintures, comme un vortex, un abîme dans ses installations (on pense aux jeux de miroirs, aux textures et aux protubérances phalliques…) il emporte, dans ses dernières œuvres, les personnages dans une sorte de danse ou plutôt de ronde.
Toutes différentes dans le moindre détail, ses "Girls" nous apparaissent toutes pareilles sur un plan hiérarchique : elles semblent se coaliser… Peut-on y voir un "clin d'œil" au passé socialement engagé de l'artiste ? Une seule de ses figurines occupe une place privilégié : son alter-ego. Au centre de la composition elle dirige la chorégraphie de ses personnages. Comme pour ses installations et performances la présence de l'artiste est partie intégrante et non dissociable de ses œuvres.

Elle nous accueille dans son univers, elle nous donne le tempo de sa danse…

Martina Casaccia
Paris, novembre 2003



Yayoi Kusama, "15 Girls" (ATWOT), 2003
courtesy Galerie Pièce Unique Paris


Galerie Pièce Unique, 4, rue Jacques Callot, 26, rue Mazarine, 75006 Paris
4 octobre au 22 novembre 2003,
www.galeriepieceunique.com   info@galeriepieceunique.com

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