Paul Klee, le théâtre de la vie
"L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible" Paul Klee
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Paul Klee

Paul Klee, Monument, Monument in Fruchtland, Monument en pays fertile, 1929
Zentrum Paul Klee, Bern, © Sabam Belgium 2008

 
 
C'est certain, Klee était très myope. Ou sa table de dessin, plutôt réduite. Car la majorité de ses œuvres se présente en petits formats discrets, à scruter presque dans l'intimité. En revanche, le déclic se fait instantanément, un peu comme si le spectateur entrait tout de suite en résonance avec les tracés subtils, les compositions franches, les couleurs traitées en camaïeux délicats.

Résonance : le mot est lâché. Boulez ne s'y est pas trompé, percevant la symbiose évidente qui peut se développer entre des compositions graphiques et leurs adaptations mélodiques. Les tracés verticaux soulignent ainsi le temps, les horizontaux l'espace, les registres, les timbres presque.

Klee aurait pu dire : "Jouez-moi ce dessin, voulez-vous mon cher Pierre ?" et Boulez de s'exécuter, bien sûr. Remémorons-nous le célèbre pianocktail de Boris Vian, qui délivre à la fin d'un morceau le breuvage sophistiqué qui en traduit toutes les saveurs…

Mieux encore, le Welttheater de Klee s'attache également à toutes les expressions et applications scéniques qui fondent les recherches de l'artiste. Pas seulement l'opéra et le théâtre classiques, mais aussi le cirque, le cabaret, les marionnettes, même les funambules. Le répertoire des arts mobiles, presque des performances avant la lettre est vastement exploré par des transcriptions audacieuses ou touchantes. Elles sont déployées ici dans une scénographie exemplaire, suivant un parcours tout en douceur, bien loin des présentations académiques et pesantes que l'on aurait pu redouter. Et vous remarquerez la paire de jumelles complice qui souligne notre propos d'entrée.

Prenez tout votre temps pour vous imprégner de cette somme précieuse, pour suivre ses vidéos remarquables, dont le toujours rafraîchissant Ballet mécanique daté 1923, pour vous ébahir du jeu d'un piano dont le soliste est invisible. Et emportez-la littéralement avec vous, sous la forme du somptueux catalogue édité par la bonne maison Mercator : il en est le témoin fidèle et plus qu'exhaustif.
 
János Kovács
Bruxelles, mars 2008
 
 
Palais des Beaux-Arts, Bruxelles, jusqu'au 25 mai 2008
www.bozar.be  www.fondsmercator.be

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