politique
et
incendiaire
Kendell Geers
Auto-Da-Fe, 2003, Photographie
Courtesy Stephen Friedman Gallery, London and Galleria Continua, San Gimignano and Beijing
Courtesy Stephen Friedman Gallery, London and Galleria Continua, San Gimignano and Beijing
Né à Johannesburg, Kendell Geers a pour commencer choisi de falsifier volontairement sa date de naissance devenue l'année 1968, marquant ainsi son entrée dans la vie par un événement révolutionnaire. Il faut préciser que la biographie de l'artiste est déjà un petit aperçu de ce que peut être la radicalité dans la rébellion. Issu d'une famille de colons Afrikaners, il rejette très tôt les valeurs qui ont présidé à la mise en place de la politique ségrégationniste d'Apartheid en Afrique du Sud en militant dans l'opposition au régime. Un front du refus qui se solde, après sa décision de ne pas faire son service militaire, par une expulsion du pays.
Il part alors à New York rejoindre l'équipe du plasticien Richard Prince, lui-même déjà engagé à s'approprier et à subvertir les codes de la société WASP américaine. Le crépuscule des idoles a donc débuté avec l'arrivée de Kendell Geers dans l'arène du monde artistique ; à l'image de l'œuvre éponyme de l'artiste qui fait référence à un ouvrage de Nietzsche : un Bouddha empaqueté dans un ruban de signalisation rouge et blanc. Une forme d'avertissement de la part de l'artiste contre tous les veaux d'or culturels ou religieux. N'a-t-il pas uriné dans la célèbre Fontaine en 1993 en hommage iconoclaste à Marcel Duchamp ?
Il part alors à New York rejoindre l'équipe du plasticien Richard Prince, lui-même déjà engagé à s'approprier et à subvertir les codes de la société WASP américaine. Le crépuscule des idoles a donc débuté avec l'arrivée de Kendell Geers dans l'arène du monde artistique ; à l'image de l'œuvre éponyme de l'artiste qui fait référence à un ouvrage de Nietzsche : un Bouddha empaqueté dans un ruban de signalisation rouge et blanc. Une forme d'avertissement de la part de l'artiste contre tous les veaux d'or culturels ou religieux. N'a-t-il pas uriné dans la célèbre Fontaine en 1993 en hommage iconoclaste à Marcel Duchamp ?
Kendell Geers,
Twilight of the idols, 2002,
Found object and Chevron tape
Courtesy Stephen Friedman Gallery, London and Galleria Continua, San Gimignano and Beijing
Courtesy Stephen Friedman Gallery, London and Galleria Continua, San Gimignano and Beijing
On l'a vu le personnage n'aime rien tant que bousculer les consciences, il brise d'ailleurs à l'occasion des vitrines d'exposition avec des briques ou demande aux curateurs de se filmer s'envoyant mutuellement des gifles, remake de la performance de Marina Abramovic et Ulay (Synaesthesia, 2001). Au-delà de la provocation, il réagissait aux sites d'exposition en mettant en lumière les aspects cachés de l'institution : rapport de pouvoir, fragilité du musée face à l'arbitraire d'un acte vandale… Geers sur la scène internationale est donc un artiste qu'on appelle volontiers activiste. Ses vidéos dont on verra notamment Shoot au BPS, dénoncent en ce sens le pouvoir d'agression des images par le biais d'une sélection de films où un acteur tire à l'écran en direction du spectateur. Là, comme dans plusieurs autres travaux vidéo de Geers, l'artiste joue de la saturation en multipliant les séquences de tirs et en assourdissant littéralement les visiteurs avec la bande-son. Cette surenchère pour démonter les mécanismes de la violence ne doit pas faire oublier cependant que le scepticisme dont fait preuve l'artiste rencontre néanmoins la question de la responsabilité face à la nécessaire mobilisation des pouvoirs publics face au danger où qu'il soit. Son Emergency Series, où Geers a imprimé sur papier en une série inquiétante, tous les numéros d'urgence des pays où il a séjourné, en demeure une des subtiles illustrations. On l'aura compris Kendell Geers questionne la violence avec en ligne de mire autant son potentiel de terreur que de séduction et parce que ces deux pôles fusionnent facilement, l'artiste a semble-t-il décelé que les départager ne peut se faire sans le secours de l'engagement.
Raya Baudinet
paru dans Artenews n° 35, mars 2007
Kendell Geers - Dirty Balls