Après une première exposition personnelle en 2003, cette nouvelle présentation permet de (re)découvrir le travail d’un artiste qui revisite brillamment l’abstraction du 20e siècle.
compositions abstraites jeux de formes et de couleurs |
Jens Wolf, "Sans titre", 2005, acrylique sur contreplaqué
Courtesy Nosbaum & Reding - Art Contemporain
Les peintures de Jens Wolf (né en 1967 à Heilbronn, Allemagne) se déclinent dans la subtilité. Tout d'abord, la subtilité des compositions abstraites. Les jeux de formes et de couleurs créent une dynamique sans cesse renouvelée d'une toile à l'autre. Ici, ce sont plusieurs disques qui, partant de coins opposés, semblent se rapprocher en tournant sur eux-mêmes ; là, ce sont des lignes qui s'assemblent afin de former une étoile aux formes rigoureuses et allongées. Cercles et demi-cercles, traits et bandes ne se mélangent pas. Chaque composition présente une déclinaison recherchée d'une même forme.
Toutefois, ces formes démultipliées ne se livrent jamais entièrement. Soit elles disparaissent en partie au dehors du cadre de l'œuvre, soit leurs limites sont incertaines. Toute la finesse de l'abstraction de Wolf réside peut-être dans cet effet là, l'incertitude : l'instabilité de l'espace formel et pictural engendré non seulement par la composition, mais aussi par l'application de la couleur. Un dessin préparatoire patiemment réalisé à l'aide de règles et de compas constitue la première phase d'élaboration des œuvres. La peinture acrylique et la laque transparente sont ensuite apposées de manière pleine et régulière sur une partie des formes obtenues. Les coloris sont modestes, noir et brun, jaune et ocre, bleu marine et vert foncé. Parfois, des effets de transparences et d'effacement, engendrant des effets de patine et de traces, viennent dynamiser l'ensemble. Les formes sont délimitées par du ruban adhésif, mais cette netteté est perturbée par des accrocs volontaires. Ces accidents de parcours de la ligne viennent perturber les formes, parfois subtilement, parfois grossièrement, mais toujours de manière dynamique. Jens Wolf, "Sans titre", 2005, acrylique sur contreplaqué
Courtesy Nosbaum & Reding - Art Contemporain
L'artiste semble ainsi déconstruire l'abstraction qu'il a délicatement élaborée. Cet effet est renforcé par le choix de panneaux de bois en guise de toile, dont les bords sont également meurtris. Les veinures et nœuds du bois semblent participer à cette impression de fraîcheur que dégagent les compositions.
Les œuvres de Jens Wolf se réfèrent clairement aux années trente et quarante, particulièrement à une abstraction "bauhausesque" d'un Joseph Albers, mais aussi aux années soixante et à l'abstraction noire et rigoureuse d'un Frank Stella. "Chaque toile a toujours un côté rétro" explique l'artiste. Mais malgré cela, ce qui frappe, c'est l'incroyable modernité de ces œuvres abstraites. Alors même que la peinture se fait rare et que lors de ses apparitions elle se fait plutôt figurative, Jens Wolf repense un thème pictural qu'il est difficile de renouveler. L'abstraction ne tolère pas la médiocrité. Elle doit être directe, puissante, absolue. L'abstraction de Jens Wolf est tout cela à la fois. Sublime.
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Jens Wolf, Nosbaum & Reding – Art Contemporain, 101, rue Adolphe Fischer, L-1521 Luxembourg, jusqu'au 29 juillet.
Ouvert du mardi au samedi de 11h à 18h. Tél : 26 19 05 55, www.artcontemporain.lu
Nouvelle Publication : Jens Wolf, éditeurs Jens Wolf et Le Grand Café, Centre d'art contemporain, Saint-Nazaire, textes en français et anglais de Hans-Jürgen Hafner et Arnauld Pierre, 112 p., ill. couleurs, 25 euros.
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