Abraham Hadad, peintures récentes, exporevue, magazine, art vivant et actualité
Abraham Hadad, peintures récentes
Abraham Hadad
Abraham Hadad



Régal













Tendresse communicative













Enfants













Joyeux narcissisme


C'est à un véritable festin que nous invite Abraham Hadad. Un régal pour les yeux. Un plaisir pour les cinq sens, tant la pâte dense, onctueuse et lisse du peintre est délectable et caressante. Elle entre par les yeux et s'installe dans le corps du regardeur avec une sorte de bonheur synesthésique. Il y a une rare coalescence entre la succulence de la matière picturale du peintre et la tendresse communicative de ses images.

La trilogie matissienne « luxe, calme et volupté » prend sous le pinceau d'Abraham Hadad un tour plus intime, plus familier, plus frugal aussi : "sérénité, sieste et volupté", pourrait-on dire. Les tableaux montrent des hommes et des femmes qui se laissent aller à la douceur de vivre. Les hommes sont généralement habillés et les femmes toujours nues, comme chez Giorgione ou Manet. Beaucoup sont entourés d'enfants, non comme une famille heureuse, plutôt comme des êtres habitués à se blottir les uns contre les autres, à vivre ensemble tactilement, épidermiquement, dans la chaleur d'une tanière, et que le peintre aurait surpris en ouvrant inopinément un hublot pour voyeur. Ils sont si bien ensemble, qu'on a de la peine à les déranger. Ils ouvrent de grands yeux ronds et la candeur de leur regard nous oblige presque à baisser le nôtre.


Abraham Hadad

Abraham Hadad


Ce qui fait l'enchantement de ces huiles sur toile, ce qui leur donne leur consistance esthétique, c'est que la matière iconique découle directement de leur matière picturale. Tout se passe comme si la pâte fluide, dense et riche en pigments se frayait un chemin vers la forme en investissant la chair humaine. Le peintre pétrit cette pâte comme le limon originel pour la transmuer en chair de femme. Chair de la femme, argile idéale, ô merveille, pourrait-on répéter avec le poète dont on fête le bicentenaire. Telle me semble être la raison de la jubilation qui rayonne de chaque tableau d'Abraham Hadad. La matière picturale y jouit d'elle-même dans un joyeux narcissisme en prenant figure de femme. Et les hommes, les enfants, leurs jouets, les intérieurs même où ils vivent, en compagnie de leurs canapés et baignoires, tous ces êtres et ces objets qui s'ébattent dans les tableaux, ne sont que des avatars d'un seul être, la Femme, surgie de la substance même de la peinture.

Michel Ellenberger,
Juin 2002

Abraham Hadad
Abraham Hadad
Galerie Pierre Marie Vitoux, 3, rue d'Ormesson, 75004 Paris, tél : 01 48 04 81 00, jusqu'au 6 juillet 2002

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