"De Chirico et la peinture italienne de l'entre deux-guerres" au Musée de Lodève

De Chirico

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Deparo

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Les futuristes












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Cette exposition réunit des oeuvres de plus de 30 peintres.
Alors qu'entre 1905 et 1910, l'Europe voit foisonner un grand nombre de mouvements artistiques en rupture avec les traditions du passé, l'Italie, jusqu'alors enclavée dans une apathie politique et culturelle qui a duré pendant près d'un siècle et demi, fait irruption sur la scène internationale. Un ensemble de mouvements artistiques et littéraires réagissent contre l'atonie dans laquelle se trouve leur pays, exaltent le modernisme en créant une esthétique fondée sur le rejet du traditionalisme. Elle va ainsi générer, en dix ans, deux courants qui remporteront un grand succès : le futurisme et la peinture métaphysique, et, deux grands artistes "isolés" Modigliani et Morandi.
La première période du futurisme et la peinture métaphysique ne sont illustrées que de manière introductive dans cette exposition, essentiellement centrée sur la période de l'entre-deux guerres.
L'Italie va ainsi générer, en dix ans, deux courants qui remporteront un grand succès international.

Le futurisme

1909. Le monde des arts plastiques est en pleine ébullition : post-impressionnisme, fauvisme, cubisme, expressionnisme, se succèdent. C'est alors que paraît dans le Figaro du 20 février, "le Manifeste du Futurisme" du poète Filippo Tommaso Marinetti qui jette les bases d'un mouvement révolutionnaire auquel adhère surtout un groupe de cinq peintres italiens : Giacomo Balla, Umberto Boccioni, Gino Séverini, Carlo Carra et Luigi Russolo.
Ce manifeste restera comme une des premières affirmations de l'idéologie de la modernité dans l'Europe de cette époque et fera de l'Italie le chef de file d'un mouvement artistique novateur. Dynamisme, inspiration inscrite dans le monde urbain de la modernité : la machine est son symbole, culte du mouvement et de la vitesse, exaltation de la violence, de la révolution, de l'énergie des masses, refus déterminé du "passéisme" et de l'imitation, simultanéité des visions et des sensations font partie de leur dogme.
"Nous sommes des jeunes et notre art est violemment révolutionnaire"

1910. Regroupés autour de Marinetti, le groupe publie "Le Manifeste des peintres futuristes et le Manifeste technique de la peinture futuriste". Les futuristes sont des "communiquants" hors pair. A leur manière tapageuse et provocante, ils organisent des soirées "coup de poing" dans les capitales italiennes et utilisent abondamment la presse pour diffuser leur dogme révolutionnaire dans toute l'Europe.

1910-1915. Leur action a été impresssionnante. Leurs tournées de conférences, leurs expositions itinérantes, bruyantes et péremptoires, font beaucoup pour diffuser les théories du mouvement. Leur première grande exposition européenne est organisée d'abord à Paris, en 1912, sous la houlette du critique Félix Fénéon, à la galerie Bernheim Jeune. Elle gènére un intérêt assez critique, une certaine déception par rapport à la renommée provocatrice et scandaleuse de ceux qui se définissent comme les pionniers "d'une révolution culturelle", mais pas le ralliement escompté des autres artistes français d'avant-garde. Les cubistes notamment avec qui les futuristes ont entretenu des relations souvent conflictuelles. La première guerre mondiale, dès 1916, marque la fin du premier futurisme.

Le second futurisme entre deux-guerres

Un second futurisme post-dadaïste se dessine à la fin de la guerre, avec, Gerrardo Dottori, Fillia, Balla, Depero, Prampolini, Farfa, et Tato. En 1918, une nouvelle revue est créée "Roma futurista".

En 1929, motif de prédilection du second futurisme, l'Aéropeinture, qui exprime les sensations dynamiques générées par un vol d'avion, est le nouvel avatar du futurisme ; Elle est lancée par un manifeste de Marinetti, suggéré par l'oeuvre du futuriste anglais Nevinson. Ultime sursaut du futurisme, l'Aéropeinture s'éteint avec la mort de Marinetti largement impliqué dans le fascisme et l'écroulement du régime. A part le tenace Peruzzi qui s'investit jusqu'au bout dans le mouvement et l'Aéropeinture, l'élan du futurisme est définitivement brisé.

Les formes sont géométrisées pour rendre compte de la simultanéité de la vision, le mouvement est décomposé, notamment grâce à la technique de la chronophotographie. Mais à la différence du cubisme qui juxtapose les différentes phases de perception, le futurisme insiste sur la continuité de cette apparente succession.
Le divisionnisme, sous le nom de "complémentarisme", reste usité mais la violence de la palette qui privilégie les couleurs pures "fait disparaître la rationalité du dessin".
"Pour peindre une figure humaine, il ne faut pas la peindre ; il faut en donner toute l'atmosphère enveloppante". Le sujet retrouve une place de premier plan, mais l'émotion esthétique nait de l'atmosphère qui baigne l'objet représenté : ce dernier est relié par des lignes-forces aussi bien spatiales qu'affectives aux autres éléments du tableau, créant ainsi des champs de vision différents. Le spectateur englobé dans ces rêves est placé désormais au centre du tableau, au centre de la composition, sous influence d'une image dont la puissance génère une très forte émotion.

Les futuristes sont parmi les premiers à intégrer les mots à l'image, d'abord dans le champ urbain, puis de manière autonome. Bien que sous estimé par ses contemporains français, le rayonnement du futurisme est probant. Profondément nationaliste, essentiellement italien, le mouvement essaime cependant dans le Monde. En Pologne (formisme ou zonisme), en Espagne (vibrationisme), en Angleterre (vorticisme), au Mexique (stridentisme), il traverse la Belgique, l'Europe Centrale, les Etats-Unis, le Japon. Il séduit aussi quelques artistes comme Delaunay, Duchamp, Picabia, Léger, Kupka, August Macke et Franz Marc. C'est en Russie qu'il trouve son écho le plus fort, avec Maïakovski, le rayonnisme de Natalia Gontcharova et Mikhail Larionov. Par son refus de toute norme, il contribue également à l'émergence du dadaïsme. Parallèlement au cubisme, son rival, le futurisme a permis à l'Italie, pour la première fois depuis deux siècles, de jouer un rôle moteur dans le développement de l'avant-garde.

La peinture métaphysique

De Chirico en est l'inventeur. Il élabore une expression picturale figurative caractéristique, fondée sur une culture classique et inspirée de Nietzsche, Schopenhauer, et des oeuvres de Boecklin. Cette peinture met en scène des compositions oniriques où règnent la poésie de l'immobile, les perspectives urbaines désertes d'humanité, dont l'étrangeté est accentuée par le traitement réaliste, mais habitées, rencontres apparemment incongrues d'objets très concrets et de mannequins sans visage. Elle se réfère à la mélancolie d'un monde énigmatique et inquiétant, où les symboles abondent. Elle s'oppose au futurisme par sa recherche d'une signification profonde de la forme, au travers d'un appel aux rêves et aux mythes. La peinture métaphysique remporte immédiatement un grand succès international.
Elle naît en 1917 pour finir en 1921, en principe. Les trois représentants officiels sont De Chirico, Carra et Morandi. Elle influence sur le plan international, la Nouvelle Objectivité, le Réalisme magique allemand, et participe notamment à la détermination du Surréalisme dont De Chirico peut-être considéré comme précurseur.

"Le retour à l'ordre"

Comme partout en Europe, à l'issue de la première guerre dont tous les pays ressortent meurtris, en parallèle à Dada, au Surréalisme et au développement de l'abstraction, on assiste, dans le milieu culturel, à une volonté de "retour à l'ordre", autour de laquelle se rassemble un alliage hétérogène d'artistes confrontés à cette période sans espoir de l'entre-deux guerres ; C'est particulièrement le cas en Italie où problèmes économiques, sociaux et politiques bouchent un horizon bien noir. Dans le prolongement de la peinture métaphysique, les "Valori Plastici" et le "Novecento" s'inscrivent tous deux dans ce désir de retour au réel, au formalisme d'une figuration souvent représentative d'un art officiel. Ils prônent un retour à la tradition de l'art italien, le primitivisme du quattrocento notamment et sont sensibles à l'attrait de l'idéologie fasciste.
Le groupe des "Valori Plastici" est lié à la revue éponyme éditée de 1918 à 1922, destinée à diffuser l'esthétique de la peinture métaphysique dans le courant de l'avant-garde. D'abord intéressée par les rapports entre la tradition italienne et la modernité européenne, à partir de 1920, elle préconise un renouveau du formalisme des XIVème et XVème siècles italiens.

"Le Novecento" est fondé en 1922 à Milan, s'inscrit dans ce désir de retour au réel, à la tradition, au formalisme d'une figuration souvent représentative d'un art officiel. Il se développe dans les années 1920-30 et regroupe les principaux peintres et sculpteurs italiens de l'époque, quoique souvent de tendances opposées. Retour à la tradition figurative, notamment celle du primitivisme de Giotto et de la Renaissance italienne, travailler certains genres classiques tels la nature morte, le portrait, les intérieurs, le paysage, tiennent de point commun à ses membres.
D'autres courants ou groupes se sont rassemblés pour un temps dont le "Réalisme magique" dans les années 20, "l'Ecole de Rome" de 1925 à 1931, "Corrente" de 1938 à 1946, "Il Fronto Nuovo delle Arti" en 1946.
Ces volontés d'ouverture aux influences modernistes européennes, le paysage artistique en Italie reste avant tout figé dans une volonté identitaire prônée par la culture fasciste, s'illustrant par le renouveau de classicisme.
L'entre-deux-guerres italien, grandement méconnu en dehors de ses frontières, a aussi vu s'exprimer un grand nombre de très grands peintres. Cette exposition a pour objectif de contribuer à les faire connaître.

A part les artistes de cette époque en Europe qui connaissaient le futurisme, nous autres nous n'avons pas eu la transmission de cette connaissance, malheureusement. Il est impératif de découvrir ce travail. Il est difficile de rester indifférent devant ces tableaux dont certains sont d'une grande beauté, et nous apportent beaucoup.

Elisabeth Petibon
Montpellier, septembre 2003

Savinio

Savinio

Severini

Severini

"De Chirico et la peinture italienne de l'entre deux-guerres", du 05 juillet 2003 au 26 octobre 2003
Musée de Lodève Square Georges Auric – 34700 Lodève, route A75 Millau-Lodève, Montpellier-Lodève
Ouvert tous les jours sauf le lundi, de 9 h 30 à 12 h et de 14 h à 18 h, tél. : 04.67.88.86.10. Fax : 04.67.44.48.33.

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