Le modèle fragilisé par son environnement
 
Julia Fullerton-Batten
Julia Fullerton-Batten
Julia Fullerton-Batten
Julia Fullerton-Batten
Julia Fullerton-Batten
Julia Fullerton-Batten
Laura Henno
Laura Henno
Laura Henno
Marie-France et Patricia Martin
Marie-France et Patricia Martin
Marie-France et Patricia Martin
 

Julia Fullerton-Batten, Bike Accident, 2005
courtesy Galerie Les filles du calvaire, Bruxelles - Paris

S'il fallait donner un thème à l'exposition de quatre femmes présentée par Les Filles du Calvaire, ce serait celui du rapport de l'homme (plus exactement de la femme !) à son environnement. Entre domination et soumission.

Avec ses Teenage Stories, Julia Fullerton-Batten la fait dominer la réalité, en une position supérieure, dans un quotidien disproportionné, comme un Gulliver en ballade dans l'Angleterre profonde. L'autoroute est minuscule, le port de la taille d'un bassin d'essais. La rue de la suburb a la taille d'un mini-golf. Et pourtant, malgré leur suprématie, les personnages vivent de réels avatars: cheveux captés par les arbres, noyade dans le bassin, accident de vélo sur le bas-côté. L'humour est grinçant, voire anxiogène. Mais la forme parfaite, la technique d'une totale maîtrise, attisent la sensation : les teenagers, dans leur toute-puissance adolescente, ne sortent pas indemnes du cadre. La morale est peut-être qu'à force de domination, les choses se retournent contre vous. Les Lilliputiens l'avaient bien capturé, leur géant…

Le travail de Laura Henno est beaucoup plus intime. Il porte aussi sur l'adolescente, mais cette fois dans la nature. Ombrages, clair-obscurs. Angoisse prête à surgir. Nous sommes dans les prémisses d'un film d'horreur. Et pourtant, rien ne bouge. Tout est calme encore. Les jeunes filles sont saisies dans leur absence de tension, celle qui va accélérer les choses. Attitudes de pré-sacrifice. Pâleur des peaux, rousseur des cheveux et des lueurs. Figées. On voudrait leur dire de partir. Car elles non plus, risquent de ne pas rester indemnes…

La vidéo à quatre mains des sœurs Martin, Du noir dans le vert ne laisse pas plus indifférent. La lumière est sombre. Le clin d'œil perçant. Mais le déterminisme des personnages est moins diaphane : elles ont décidé de leur propos, de leurs actes : de la manipulation de bois mort à sa peinture en noir, dans une étendue vaste, oppressante, à la lumière assez glauque. La nature est une fois encore à vaincre. Les personnages, que les sœurs Martin jouent elles-mêmes, y réussissent mieux ici. Mais il reste dans leurs actions une vanité latente, que seule un humour -grinçant là aussi- peut rendre supportable…

Les Filles du Calvaire, nom du lieu bien choisi pour une exposition où presque rien n'est serein, où quatre femmes rencontrent leur sujet : l'angoisse diffuse d'un âge, servie par une technique parfaite.
 
 
Jennifer Beauloye, Pierre-Louis Humbert
Bruxelles, février 2008
 
 
 
Exposition photographie et vidéo du 7 février au 15 mars 2008
Julia Fullerton-Batten, Teenage Stories, première exposition personelle de l'artiste Britannique en Belgique
Laura Henno, Summer Crossing, exposition personelle
Marie-France et Patricia Martin, Du noir dans le vert, vidéo
Galerie Les Filles du Calvaire, Boulevard Barthélémy, Kanal 20, 1000 Bruxellles tél. : +32 (0)2 511 63 20 www.fillesducalvaire.com

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